Selon l’Unesco, chaque année d’étude supplémentaire augmente le PIB par habitant de 4 % à 6 %. Plus instruites, les femmes acquièrent d’autres droits, un meilleur statut social et une plus grande indépendance financière.
Améliorer le sort des femmes, c’est améliorer le sort de tous
Il est en effet désormais reconnu que l'élévation du niveau d'éducation des filles a une incidence favorable sur le revenu et le bien-être des familles. L’éducation des filles et des femmes, notamment dans les pays en développement, permet aux familles de mettre un terme au cycle de la pauvreté. C’est aussi un instrument efficace de lutte contre la malnutrition et la mortalité infantile. Une femme éduquée et sensibilisée est plus armée pour protéger ses enfants contre la malnutrition et la maladie, à exercer une activité qui procurera des revenus à sa famille et surtout, à envoyer ses propres enfants, filles ou garçons, à l'école.
Aussi, il faut prendre en considération le rôle des femmes comme agents économiques. « Il ne faut pas considérer les femmes comme des victimes, elles peuvent être facteurs de changements. En les considérant comme des acteurs économiques et en consentant un investissement à leur égard, on opte pour un moyen judicieux de reconstruire les économies du monde », explique Mayra Buvinic, Directrice sectorielle pour la parité homme-femme à la Banque Mondiale. C’est pour cette raison qu’une ONG comme Aide et Action travaille à mettre en place des formations professionnelles pour les femmes et non pas uniquement des actions d’alphabétisation. Comme le déclarait Kofi Annan : « L’éducation des filles est le meilleur outil de développement qui soit. »
L'éducation des femmes : une situation alarmante
Au cours des dix dernières années, la situation des femmes dans le monde a progressé. Mais malgré d’importants progrès accomplis depuis le début des années 2000 en termes de parité entre les sexes dans l’éducation, la situation reste alarmante.
Des millions de filles exclues de l’éducation
En effet, si l’on constate une participation croissante des filles et des femmes à tous les niveaux du système éducatif, il n’en demeure pas moins que 54 % des enfants non-scolarisés sont des filles et 64 % des adultes analphabètes sont des femmes (Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous, Unesco, janvier 2010). Le droit à l’éducation se restreint encore avec l'âge dans de nombreux pays. Ainsi, au Burkina Faso, seules 8% des filles font des études secondaires.
Au total, 41 millions de filles sont exclues de l’éducation dans le monde et 515 millions de femmes sont analphabètes.
De plus, 60 pays ne seront pas en mesure d’atteindre les objectifs de parité fixés en 2000 pour 2015 par la Déclaration du millénaire des Nations unies. Ces chiffres attestent de l’inégalité subie et de l’urgence de la situation.
Le déni du droit à l’éducation maintient les femmes dans une situation de dépendance vis-à-vis de leur famille comme de la société. Il les enferme dans un rôle économique et social défini sans elles. Il les empêche de développer un esprit critique leur permettant de défendre leurs droits. Il leur confisque les moyens de lutter pour le respect de ces droits. Lutter contre l’exclusion des femmes, c’est agir sur des facteurs sociologiques, politiques, culturels... Et c’est aussi permettre à la moitié de l’humanité de choisir avec l’autre moitié leur avenir commun.
Les causes de l'exclusion des femmes
Le droit à l’éducation est un droit fondamental. Pourtant, des millions de femmes et de filles restent exclues d’une éducation de qualité. Facteurs culturels, sociaux ou économiques, les raisons d’un tel déni de droit sont multiples, externes et internes à l’école.
Différents facteurs en cause
Préférence aux garçons, travaux ménagers, stéréotypes, pauvreté désignent autant de freins à l’éducation des femmes et des filles.
La pauvreté est un obstacle majeur. Dans de nombreux pays, l’école est obligatoire. Mais pour certaines familles, la scolarisation des filles peut représenter un manque à gagner car elle les prive d’une main-d’œuvre gratuite. Et si la volonté et les moyens pour inscrire les filles à l’école sont là, reste la question de la proximité des établissements, surtout dans les zones rurales. Pour s’y rendre, les petites filles doivent souvent marcher des kilomètres sur le bord des routes. La peur de l’accident ou de l’agression retient alors les parents de les envoyer à l’école.
Les mentalités transmettent trop souvent encore beaucoup de valeurs de soumission qui cantonnent les femmes à la sphère domestique. Les pesanteurs socioculturelles condamnent trop souvent les femmes à rester analphabètes. « La scolarisation des filles reste gangrenée par des freins qui ont pour noms : mariages et grossesses précoces, violences faites aux filles dans l’espace scolaire et communautaire », explique Hamidou Soukouna, membre d’Aide et Action Sénégal.