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Street art : l'histoire de son succès
Décod'actu« Je tague, donc je suis ». Acte de vandalisme, le tag consiste à griffonner son nom dans l’espace public pour attirer l’attention. Taguer répond donc à un besoin de reconnaissance et d'affirmation de soi. Les premiers tags émergent sur la côte est des Etats-Unis.
Quelle est la différence entre tag et graffiti ?
Les murs ont un parfum de révolte. A Philadelphie, dès 1967, Cornbread tague son nom partout, y compris sur le jet privé des Jackson Five ! La pratique devient virale. A New York, Taki 183 fait même la Une du New York Times le 21 juillet 1971. C’est aussi par le tag que débute Jean-Michel Basquiat. De 1976 à 1978 il sévit sous le pseudo SAMO (Same Old Shit), son tag-signature.
Contrairement au tag, le graffiti se veut plus créatif. Il s’agit de lettrages travaillés et de dessins inspirés par la bande dessinée. Réalisés à la bombe aérosol et aux marqueurs, ils se multiplient dès le début des années 1980. Pour rayonner au-delà de leur quartier, les jeunes grapheurs prennent d’assaut les trains qu’ils recouvrent de fresques colorées. Parmi eux, des futures légendes du street art : Dondi White, Lady Pink, Seen, Futura 2000, immortalisées par les photographes américains Henry Chalfant et Martha Cooper. En France, Bando fait figure de précurseur pour avoir importé le graffiti outre-Atlantique.
Tag ou graffiti : ce que dit la loi
Pourquoi ces artistes utilisent-ils des pseudonymes ? Au départ, l’avatar est une cape d'invisibilité. Grapher est illégal, c'est un délit. Les artistes ne veulent dévoiler ni leur visage, ni leur identité. Banksy se mue ainsi en marchand des rues à Venise, lors de la Biennale 2019. L’année suivante, il revêt une combinaison de protection chimique et se fait passer pour un employé venu effacer les graffitis dans le métro londonien.
Street art : de la rue à la reconnaissance
Les années 2000 marquent la montée en puissance du street art, considéré comme une forme d’art légitime. On assiste autant à une révolution esthétique que technique. Des graffitis des débuts naissent de nombreuses disciplines de création culturelle : pochoirs, affiches, collages, mosaïques ou néo-muralisme. Parmi les pionniers de l’art urbain français, on peut citer Ernest Pignon-Ernest, Jacques Villeglé ou encore Zloty qui ont ouvert la voie de la reconnaissance. Les réseaux sociaux participent aussi à cette propagation. L’époque est à la fabrication des icônes, et le street art n’en est pas exempt : Banksy, Invader et Obey en tête. Certaines œuvres battent des records. En 2021, Love is in the Bin de Banksy a été vendue aux enchères à 21 millions d’euros.
Le street art est-il toujours un art dissident ?
L'art urbain serait-il dévoyé ? L’institutionnalisation du street art a été accusée, par les médias spécialisés, d’avoir fait perdre l’âme contestataire des débuts.
Pourtant, dès 1980, des galeries exposent les graffeurs. C’est le cas de la galerie d'art Fashion Moda dans le quartier du Bronx à New York, ou de celle d'agnès b. à Paris.
Aujourd’hui, chaque événement labellisé « street art » attire les foules. Pour preuve, l'exposition-rétrospective « CAPITALE(S) », installée à l’Hôtel de Ville de Paris entre octobre 2022 et juin 2023, a accueilli 50 000 visiteurs par mois.
Réalisateur : Maxime Chappet
Auteur : Emmanuelle Dreyfus
Producteur : France Télévisions, Corner Prod
Année de copyright : 2023
Année de production : 2023
Publié le 12/05/23
Modifié le 12/05/23
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