Le prolongement politique de son engagement
Aimé Césaire donne une dimension politique à son engagement dès 1945. Sa stature d’écrivain et d’intellectuel est déjà établie, quant à 32 ans, il se présente face aux électeurs martiniquais pour devenir député de la République. Il se rallie au Parti communiste, incarnant pour lui le renouveau après les années de guerre où son activisme intellectuel est étouffé par l’administration de Vichy dans l’île.
Elu député aux élections législatives de novembre 1945, Césaire est le rapporteur du projet de loi, votée le 19 mars 1946, érigeant en départements la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion. La création des départements d’outre-mer est un marqueur d’égalité entre « vieilles colonies » et métropole.
Aimé Césaire : entrée en politique
Un demi-siècle d’histoire parlementaire
Député sans interruption de 1946 à 1993, Césaire connaît l’une des plus longues carrières parlementaire. Il fut membre de plusieurs commissions parlementaires importantes (territoires d'outre-mer, éducation nationale, affaires culturelles, familiales et sociales, …). Toujours attentif et force de proposition sur les questions touchant à la Martinique et à l’outre-mer, il participe aux grands votes de l’histoire parlementaire.
Il vote notamment contre l’état d’urgence en Algérie en 1955, mais pour les pouvoirs spéciaux en Algérie en 1956, contre la ratification du traité instituant la CEE, ancêtre d’Union européenne, en 1957. En 1958, Il s’abstient lors du vote d’investiture du général de Gaulle, mais refuse les pleins pouvoirs à son gouvernement.
Aimé Césaire et la guerre d'Algérie
En 1956, l'organisation des pays non alignés voit le jour. Cette conférence marque l'avènement du Tiers-monde, le monde des anciens colonisés qui affirment leur droit à l'égalité. Parallèlement, la guerre d'Algérie s'intensifie. Aimé Césaire participe à un meeting contre la guerre d'Algérie aux côtés de Jean-Paul Sartre. La guerre d'Algérie est au cœur des débats...
Rupture avec le PC et création de son propre parti
En 1956, Césaire rompt avec le Parti communiste français, année du rapport Khrouchtchev dénonçant le système stalinien et de la révolte hongroise réprimée par les chars soviétiques. Sa démission prend la forme d’une lettre à Maurice Thorez, président du PCF.
Extrait de sa Lettre à Maurice Thorez, 25 octobre 1956
« Il faut que le marxisme et le système soviétique servent le peuple noir et non l'inverse, il faut plus généralement que les doctrines et les mouvements politiques soient au service de l'homme et non le contraire »
En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais (PPM). A l’Assemblée nationale, il siège comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme apparenté socialiste de 1978 à 1993.
Aimé Césaire : rupture avec le parti communiste
En 1956, Aimé Césaire démissionne du groupe communiste à l'Assemblée. Il critique un parti sourd et aveugle aux aspirations des peuples noirs et asiatiques. Pour le communisme, tous les ouvriers du monde sont frères. Il s'agit d'établir la dictature du prolétariat, quelque soit l'origine du prolétaire. Or, l'idéologie de la négritude prônée par Césaire, consiste en la valorisation d'une culture et d'un peuple.