Le Génie du Christianisme de Chateaubriand, qui paraît le 14 avril 1802, soit six jours après la ratification du Concordat par le Corps législatif, coïncide avec la volonté de pacification religieuse de Bonaparte.
Les valeurs chrétiennes, ou la voie de la liberté humaine
Rejetant le préjugé obscurantiste qui entachait la religion, Chateaubriand entend réhabiliter le christianisme, ferment civilisateur, source de bienfaits à tous les niveaux : moral, social, esthétique. Apologétique et didactique, l’ouvrage, sorte d’encyclopédie du christianisme, aborde une multitude de sujets, des mœurs animales prouvant l’existence de Dieu aux beaux-arts inspirés par le divin, de l’examen des dogmes à la restauration, selon le mot de Théophile Gautier, de la cathédrale gothique. Enfin, la religion, affirmant l’égalité des âmes, œuvre à la liberté. Avec les années, l’idée d’une alliance entre la liberté et la religion prend une importance accrue dans la pensée de Chateaubriand : s’il avait à récrire Le Génie du Christianisme, dit-il dans les Mémoires d’outre-tombe, il montrerait que le christianisme, moyen de perfectionnement des sociétés modernes, est « la pensée de l’avenir et de la liberté humaine ».
L’œuvre de Chateaubriand est, par ailleurs, toute imprégnée de ce retour aux valeurs et à une sensibilité chrétiennes : Atala illustre la concordance entre la nature, l’amour et la religion, René, un chapitre du Génie sur le « vague des passions ». Le titre même de l’épopée qui oppose l’antiquité païenne au christianisme naissant, explicite l’intention apologétique de l’auteur : Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne (1809). Œuvre ultime de Chateaubriand, écrite à l’instigation de son confesseur, la Vie de Rancé est une biographie très personnelle du réformateur de La Trappe.