Il faut relativiser la thèse de la rationalisation de la société que prédisait Weber.
Rationalité de la société en finalité ?
Les explications rationnelles du monde n’ont pas totalement éliminé la magie au profit de la rationalité en finalité.
La recherche d’explications du monde par des phénomènes surnaturels n’a pas disparu : la popularité des jeux de hasard, la croyance aux ovnis, la consultation des horoscopes en témoignent. Les croyances des Français dans les parasciences restent stables, d’après les statistiques établies par la Sofres. Ainsi, le tiers de la population croit à l’explication des caractères par les signes astrologiques, un quart croit aux prédictions des horoscopes. Les Français croient volontiers aux guérisons par imposition des mains (50% environ) et à la transmission de pensée (entre 40 et 55%).
Rationalité de la société en valeur ?
L’autre point de contestation des thèses wébériennes tient à la mise en évidence de la persistance de formes de rationalités en valeur. Les individus ne sont pas mus exclusivement par une rationalité en finalité. De nombreuses actions seraient ainsi incompréhensibles si on devait les expliquer en référence à cette seule forme de rationalité. L’économiste américain Mancur Olson a montré dans Le paradoxe de l’action collective (1965) les limites de la rationalité. L’individu est paradoxalement rationnel dans ses actes.
- Il est rationnel pour chaque individu de ne pas prendre part aux mouvements sociaux et d’en subir les coûts (perte de salaire, mauvaise image auprès des supérieurs), tout en cherchant à bénéficier des résultats de l’action (augmentation de salaires, amélioration des conditions du travail, …).
- Pourtant des actions collectives continuent à avoir lieu. Cela prouve que les individus sont motivés par des valeurs qui dépassent le simple cadre du calcul économique (sentiment de justice de la cause défendue, solidarité entretenue avec le groupe, sentiment de cohésion…).