Les Trente Glorieuses et l’Etat-providence : la moyennisation de la société
Conformément à ce que prédisait Tocqueville, on a pu observer en France sur le long terme un phénomène de moyennisation de la société. Dans les démocraties développées, la disparition des classes sociales semblait un acquis et une évidence. La croissance des Trente Glorieuses et l'intervention de l'Etat-providence ont été des facteurs déterminants de l'homogénéisation des niveaux et des modes de vie.
L'accès du plus grand nombre à une consommation de masse a en partie gommé les différenciations sociales. L’uniformisation des modes de vie a été permise par le partage des fruits de la croissance et le développement de la protection sociale. Sur le long terme, la progression des revenus, l’intervention de l’Etat-Providence, la scolarisation massive ont été des facteurs déterminants de la montée des classes moyennes.
Les classes moyennes au détriment d’une lutte des classes ?
Le sentiment d’appartenance à une classe sociale diminue tendanciellement sur la période 1965-2005. Lorsque les individus s’identifient à un groupe, c’est d’abord à celui des classes moyennes. Le sociologue français Henri Mendras dans La Seconde Révolution française (1984) voit dans la croissance d’une vaste classe moyenne la figure centrale de la modernité sociale. Il rompt avec la sociologie d’inspiration marxiste centrée sur la notion de classes sociales. Pour lui, la société n’est pas structurée autour d’une « lutte » entre la bourgeoisie et le prolétariat. Une vaste classe moyenne s’intercale entre les deux classes antagonistes.
Une moyennisation remise en cause
La moyennisation de la société est fortement remise en question depuis une vingtaine d’années. En raison de plusieurs constats :
L’économiste français Camille Landais publie dans les années 2007-2008, une série d’articles sur l’ « explosion » des inégalités, qui l’amène à s’interroger sur les classes moyennes (Quelles classes moyennes ? Une approche empirique…).
- Le rattrapage entre classes sociales s’est interrompu
- Les forts écarts dans la consommation des biens, des services et dans les pratiques culturelles persistent. Ils continuent de différencier les différents groupes sociaux.
- L’envolée des très hauts revenus.
Le creusement des inégalités sociales par le haut, depuis les années 80, tendent à saper les fondements de la démocratie politique.