Une double série de conditions s’impose : d’une part, la volonté populaire doit trouver à s’exprimer, ce qui exige organisation de consultations par le suffrage. Le droit de vote apparaît donc comme droit politique majeur pour définir le statut de citoyen.
Le droit de vote du citoyen
Est citoyen celui qui participe aux affaires publiques. Or, on connaît les innombrables restrictions que l’histoire politique française depuis la Révolution de 1789 infligea au suffrage. Même quand ce dernier cesse d’être censitaire, il peut encore subir des conditions d’âge, et de sexe ; faut-il rappeler les combats des « suffragettes » et le fait qu’en France les femmes n’ont eu le droit de vote qu’à la Libération, en 1945 ?
Mais d’autre part, il ne saurait y avoir de volonté populaire si une société est dépourvue à la fois d’institutions d’enseignement et de moyens d’information impartiale. Des hommes ignorants, on le sait bien, sont trop aisément la proie du fanatisme aveugle qui les rend incapables de juger droitement du bien public ; et si la propagande remplace l’information en se faisant évidemment passer pour elle, comment les masses populaires pourraient-elles éviter, comme l’histoire récente le montre, d’aduler leur tyran ?1 Du coup, on voit que des masses « massifiées » par leur « chef » (Führer) charismatique ne constituent nullement un peuple politique, même si elles sont consultées pour acclamer ou plébisciter ce dernier.
1 « De lui-même le peuple veut toujours le bien, mais de lui-même il ne le voit pas toujours » (Rousseau, Du Contrat social, Livre II, chap. 6, p. 260 op. cit.)