Même si Charles Dickens n’est pas le tout premier à publier une œuvre romanesque sous forme de feuilleton, il reste le premier à avoir atteint ce stade de notoriété avec ce type de production.
Entre 1837 et 1839, il publie, en livraisons mensuelles, Oliver Twist, l’histoire compliquée d’un jeune orphelin recueilli par une bande de pickpockets ! Largement inspirée de son expérience d’ouvrier à l’âge de 12 ans, Oliver Twist est un plaidoyer contre l’enfance maltraitée et les déplorables conditions d’existence des classes populaires. En dépit d’un sentimentalisme exacerbé, le roman est aussi une virulente critique sociale dont la vigueur étonne dans une société victorienne très collet monté. Cette critique en creux des work houses (littéralement « maisons de travail »), institutions anglaises dépendant des paroisses accueillant les pauvres, mendiants et orphelins, trouva un écho immédiat dans les classes populaires de son époque. Charles Dickens impose à travers ce feuilleton des personnages populaires peu présents dans la littérature de ses contemporains (les sœurs Brontë, Tennyson, Thackeray, George Eliot). Là est le génie de Charles Dickens : il plonge ses lecteurs pour un shilling (le prix modeste d’une parution mensuelle) dans leur propre univers, mais avec une plume érudite et alerte qui les fait rire et pleurer de leur propre existence.
La rencontre avec le public ne se démentira jamais et Dickens enchaîne les succès jusqu’à sa mort : The Old Curiosity Shop, David Copperfield, Great Expectations, autant de feuilletons où Dickens pose les codes du genre : pléiades de personnages bien identifiés, retournements de situation à peine réalistes, « cliffhanger « (littéralement « suspension à la falaise »), interruption du récit à un moment clef, sans oublier de précises descriptions très documentées des lieux, des métiers et des gens. Tous ces procédés fondent ce qui restera pendant plus d’un siècle la littérature populaire par excellence dans le monde occidental.
On ne compte plus les adaptations de Charles Dickens au cinéma par les plus grands cinéastes, Georges Cukor, Roman Polanski ou Robert Zemmekis. Ses Contes de Noël (A Christmas Carol) sont aujourd’hui encore parmi les meilleures ventes en librairie.
La ville de Chatham, au sud-est de Londres, où Charles Dickens vécut une grande partie de son enfance, accueille le Dickens World, parc d’attraction dédié, qui plonge les visiteurs dans l’époque victorienne, un parc reconnu par les spécialistes de son œuvre et par la vénérable association Dickens Fellowship.