D’un style à un autre
Après des débuts d’artiste sous l’influence du naturalisme norvégien et des impressionnistes français (La Seine), Edvard Munch s’affirme comme pionnier de l'expressionnisme dans la peinture moderne.
Ses premières peintures expressionnistes sont marquées par le Symbolisme nordique (paysages du fjord Kristiania).
À partir de 1892, il s’en éloigne pour un style décoratif aux formes synthétiques et colorées, inspiré par les Nabis (La Danse de la vie, 1899 ; LesJeunes filles sur le pont, 1901).
En 1908, à la suite de ses déboires affectifs et de sa dépression, le style de Munch opère un virage. Il va notamment s’intéresser au Futuristes et leur manière de développer le mouvement (Cheval au galop, Travailleurs rentrant chez eux), ainsi qu’aux spectacles de foule.
Puis, en s’inspirant du théâtre intimiste qu’il a côtoyé, Munch travaille la mise en scène de ses personnages dans leur décor (Femme en pleurs). À la fin de sa vie, les illusions optiques et les ondes tourmentées reflètent sont état physique et psychique.
Edvard Munch, Jeunes filles sur le pont, 1901, huile sur toile, 136 × 126 cm. Galerie nationale d’Oslo.
Photo © Luisa Ricciarini/Leemage.
© The Munch-Museum / The Munch-Ellingsen Group - ADAGP, Paris, 2013.
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D’une technique à une autre
Au-delà de la peinture, Munch, empreint de curiosité, cherche à approfondir l’expression de ses sentiments en utilisant des supports différents : dessins, photographies, lithographies, gravures.
Il réalise notamment, en collaboration avec l’imprimeur Auguste Clot, sa première gravure sur bois et des lithographies qu’il colorie à l’aquarelle et retouche à l’encre ou au crayon. Par la suite, il va multiplier les gravures, souvent des reprises de ses tableaux, car cette technique lui permet d’accentuer certains traits.
À partir de 1909, de retour en Norvège, il réalise aussi des fresques murales, dont celle de la salle des fêtes de l’Université d’Oslo.
Récurrence des motifs
Munch propose souvent plusieurs versions d’un même thème à quelques années d’intervalle : quatre versions du Cri, sept versions des Jeunes filles sur le pont, six de l’Enfant malade, quatre de Puberté…
À vingt ans d’intervalle, il réalise deux versions du Baiser (1897 et 1914) : sur un fond obscur dans la première version, plus ouvert dans la deuxième, deux visages absorbés dans l’acte d’embrassement forment une seule masse centrale.
Il reprend le motif principal et le retravaille. En aucun cas Munch copie. Son but est de se rapprocher encore davantage de l’état émotionnel qu’il a ressenti au moment de la perception de cette scène, avec le recul du temps. Il accentue ou supprime un détail, un coloris, modifie le fond, l’apport de lumière…