L’homme s’est toujours interrogé sur ses origines et sur les espèces qui l’entourent. Depuis le XIXe siècle, les avancées scientifiques et technologiques ont permis la reconstitution de la grande histoire de la vie sur Terre ainsi que l’influence de l’activité humaine sur son évolution.
Darwin, la théorie de l’évolution et la sélection naturelle
Pourquoi certaines espèces disparaissent et d’autres non ? Pourquoi les espèces évoluent au fil des générations ? Ces questions sur l’évolution circulaient déjà dans la communauté scientifique depuis longtemps, mais est le premier à les populariser auprès du grand public. Pour lui, qu’il s’agisse des êtres humains ou des animaux, chaque individu est unique. Tous les membres d’une même espèce diffèrent les uns des autres par des variations de taille ou de couleur. Dans l’environnement naturel des animaux, certaines variations sont avantageuses, d’autres non. Certains individus survivent et se reproduisent, d’autres non. C’est ce que Darwin a appelé « la sélection naturelle ».
Darwin souligne deux points importants : les variations apparaissent par hasard et elles sont transmissibles aux descendants. Génération après génération, les variations avantageuses ont tendance à se répandre puisque leurs porteurs ont plus de descendants et leur transmettent leurs caractéristiques favorables. Si l’environnement change, si le climat devient plus chaud par exemple, les aptitudes avantageuses ne seront pas nécessairement les mêmes et la sélection sera orientée de façon différente. Au cours des générations, l’espèce peut ainsi se transformer et finalement aboutir, provisoirement, à une nouvelle espèce, distincte de l’espèce initiale.
L’exemple de la phalène du bouleau
La phalène du bouleau, un papillon de nuit, est l’un des exemples les plus parlants du mécanisme de l’évolution. Il est d’ailleurs cité dans la majorité des ouvrages expliquant la théorie de Darwin, du fait de son évolution très rapide. Une équipe de l’université de Liverpool a découvert le secret de son adaptation, qui lui a permis de survivre à deux modifications consécutives de son environnement. Ce papillon, vivant dans les villes d’Angleterre, est naturellement paré d’une robe blanche tachetée de noir. Elle lui permet de se confondre avec l’écorce lorsqu’il est posé sur le tronc d’un bouleau, et ainsi, d’échapper à la vue des prédateurs.
Mais au milieu du XIXe siècle, au moment même où l’industrialisation a pris de l’ampleur, les naturalistes ont observé l’apparition d’un nouveau type de phalène. Des individus appartenant à cette espèce ont adopté une robe entièrement noire, et sont finalement devenus largement majoritaires (plus de 90 % des phalènes) à la fin du siècle. À cette époque, la modification de leur couleur leur conférait un avantage sélectif évident puisque les troncs des bouleaux, couverts de résidus de charbon, avaient eux-mêmes noirci. Les papillons blancs, appelés typica, étaient donc très visibles sur ces troncs, alors que les individus noirs, nommés carbonara, passaient désormais inaperçus aux yeux des oiseaux chasseurs.
Retournement de situation
Mais le phénomène s’inverse à nouveau dès la fin de l’ère industrielle, au milieu du XXe siècle. Les usines ferment, et le charbon est de moins en moins utilisé : la pollution diminue. Les bouleaux reprennent leur couleur naturelle. Les individus sombres sont de nouveau la proie des oiseaux. Davantage chassés, ils ont moins de descendants. Du fait de ce nouveau changement d’environnement, les phalènes retrouvent progressivement leur couleur claire poivrée.