Le rôle fondamental d’une banque centrale est celui de prêteur en dernier ressort : elle a le pouvoir de faire crédit aux banques si celles-ci ne sont pas parvenues à se financer entre-elles par le biais du financement interbancaire.
A ce titre une banque centrale a la responsabilité du fonctionnement du crédit « en dernier ressort ». Toutes les banques disposent d’un compte auprès de la banque centrale. Lorsqu’une banque accorde un crédit, elle n’a pas dans ses réserves la somme correspondant au montant de ce crédit. Elle doit par conséquent chercher à acquérir les liquidités qui lui manquent. Pour cela il existe le marché interbancaire : les banques s’y empruntent et s’y prêtent (moyennant un coût bien sûr) les sommes dont elles ont besoin. Si le marché interbancaire n’a pas pu satisfaire les besoins de liquidités d’une banque, elle se retourne alors vers la banque centrale qui lui accorde un crédit (coûteux ici encore) grâce aux réserves dont elle dispose (réserve de change, dépôts des Etats, dépôts obligatoires des banques).
Evidemment, ce mécanisme coince quand le marché interbancaire ne permet pas aux banques de se financer et les conduit en grand nombre et pour des sommes importantes à se retourner vers la banque centrale. Evidemment, ce mécanisme coince un peu plus quand les banques refusent de prêter à leurs consœurs parce qu’elles n’ont plus confiance en leur capacité de remboursement. Et … évidemment ce mécanisme s’est coincé dès lors que les crédits accordés par les banques se sont révélés « douteux », « risqués », liés à des actifs « toxiques ». Les banques n’ont plus la confiance réciproque nécessaire au fonctionnement du marché interbancaire, les liquidités manquent et la banque centrale doit plus que jamais jouer son rôle de prêteur en dernier ressort.
La crise a donc conduit les banques centrales à garantir des actifs douteux. De plus, comme dans notre système financier mondialisé les banques ont un besoin de liquidité en monnaie nationale mais aussi en devises (les banques française qui se s’engagent sur des titres en dollars et inversement), les banques centrales ont mis en place des accords de « swaps » : la Fed prête à la BCE (Banque Centrale Européenne) des dollars contre des euros afin que chacune puisse injecter la devise demandée par les banques nationales et ainsi garantir le fonctionnement du système financier international.
Les interventions massives des banques centrales pour sauver le système soulèvent au moins deux questions :
- que dire de l’indépendance des banques centrales si elles sont contraintes de garantir des titres financiers douteux ?
- la collaboration des banques centrales (au travers notamment des accords de swaps) laisse-t-elle présager une coordination pérenne à l’avenir ?