Les fiefs

Au Moyen Âge, à quoi correspond un fief ? Comment et par qui est-il géré, et quelles sont ses règles de transmission ?


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 26/09/2022

Temps de lecture : 1 min.

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Evolution de la notion de fief

Avant que ne se stabilise l'ensemble des usages de la société féodale, les règles de ses différentes institutions évoluent : le fondement vassalique du système, qui va aboutir à fixer les liens d'homme à homme, voit notamment fluctuer la notion de fief.

L’acte de soumission du vassal au seigneur, qui passe par la cérémonie traditionnelle de la recommandation (l’hommage) et ancre les devoirs réciproques, voit accorder au vassal une protection et un « cadeau ». C’est, au sens littéral, un bienfait : le beneficium, le bénéfice, dont une part du sens est encore saisissable aujourd’hui. En France du Nord, dès l’an mille, le terme de bénéficium est progressivement remplacé par celui de feodum, qui désignait un bien en nature, notamment du bétail. Le feodum, le fief, peut consister en :

  • une rente,
  • une fonction militaire,
  • des péages,
  • ou un droit de ban : droit de juger et de punir.

fief : une terre et ses droits

Mais c’est autour d’un bien foncier que l’usage s’établira de plus en plus. Le suzerain remet à son vassal une terre, avec ses paysans et tous ses revenus attachés. Ainsi va se dessiner une organisation du territoire en fiefs et se développer une aristocratie foncière, dont le système pyramidal va contribuer à l’affirmation des grandes principautés territoriales. Se constitue, dans un contexte d’émiettement du pouvoir central, un damier militaire et politique, fort complexe lorsqu’il faut régler les relations entre régions ou « nations »…

Devoirs et régles du fief

Si les devoirs de vassalité varient selon le type du fief concédé (argent, pouvoir, justice), l’aspect aide militaire, lié à la plupart des types, est le plus répandu. Il y a obligation de prêter main-forte au seigneur, ce sont les devoirs d’ost (l’armée du seigneur) et de chevauchée très présents dans le fief de haubert (d’armure). Le vassal doit souvent devenir chevalier de fait, posséder armure et monture de combat, et donc entraînement et services militaires… Les vassaux n’en sont que plus offensifs s’ils s’affranchissent des pouvoirs territoriaux des grands seigneurs (comtes, ducs, etc.) et imposent leur droit de commandement aux sujets alentour : trop de châtellenies finissent par se former, sièges de pouvoirs militaires et judiciaires atomisés. D’autres vassaux multiplient les hommages à des seigneurs différents, pour accumuler les fiefs… On définira alors un hommage préférentiel au suzerain principal : c’est l’hommage-lige. Enfin, la transmission du fief aux héritiers n’étant pas naturelle, l’héritier du vassal qui désirait reprendre le fief devait se plier devant son seigneur à une nouvelle cérémonie d’hommage. Mais petit à petit le fief devint transmissible, moyennant taxe : l’héritier qui «  prend la relève du fief  » s’acquitte de ce qu’il « relève  » : c’est le droit de relief, qui atteste de la reprise d’une obligation vassalique. Dans ses règles, dans leurs détournements progressivement officialisés, la société féodale nourrit le champ des convoitises et des rivalités.

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