Les mémoires d'outre-tombe : le monument d'une vie

Conçus dès 1803, rédigés entre 1811 et 1841, les Mémoires étaient destinés à paraître une cinquantaine d’années après la mort de leur auteur.

Publié le 15/10/2012 • Modifié le 10/05/2022

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Conçus dès 1803, rédigés entre 1811 et 1841, les Mémoires étaient destinés à paraître une cinquantaine d’années après la mort de leur auteur. Chateaubriand dut cependant se résoudre à en vendre la propriété à une société par actions qui publia l’œuvre en feuilleton, dans La Presse, trois mois après sa mort, d’octobre 1848 à juillet 1850. La parution en volumes s’est, elle, étalée de janvier 1849 à octobre 1850.

L’art de Chateaubriand

Témoin privilégié des bouleversements de son siècle mais se donnant, aussi, pour mission «  d’expliquer [son] inexplicable cœur », Chateaubriand n’est pas seulement historien, mémorialiste ou autobiographe ; si les Mémoires relèvent un peu de tous ces genres, le lecteur n’y trouve pas une vérité factuelle mais une recréation du passé, une épopée qui mêle l’intime à l’histoire, un récit destiné à « représenter dans [sa] personne l’épopée de [son] temps ». Chateaubriand érige un tombeau qu’il oppose à la fuite du temps, un monument qui retrouve, éternise l’instant par la splendeur d’une écriture musicale. Les Mémoires mêlent souvenirs, effusions lyriques, descriptions de paysages, méditations religieuses, visions prophétiques, portraits satiriques, diversité à laquelle participe l’insertion d’études historiques, de lettres ou de récits de voyages. Le récit entremêle, dévoile diverses couches temporelles, tel moment du passé renvoyant à un passé antérieur, le temps de l’écriture interférant parfois avec le temps du récit. Hanté par la fragilité et l’instabilité de toutes choses, par la force de l’oubli qui menace de tout recouvrir, Chateaubriand, construisant le monument de sa vie, défi et revanche sur le temps, rend également perceptible l’œuvre, inexorable et incessante, de la destruction.


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