Les sols, un écosystème complexe et fragile

Le sol est un milieu vivant très fragile. Il se forme lentement par la décomposition et l’altération des roches sous l’action de l’eau, de l’air et des êtres vivants. C’est un milieu très divers. Un sol, principalement constitué de sable, ne ressemble en effet nullement à la terre de notre jardin qui peut être qualifiée d’humifère.

Le sol est la chair de la Terre

Il y a 11 000 ans, la planète commence à se réchauffer. La glace fond et des pluies torrentielles s’abattent sur l’Europe. Alternant avec des moments ensoleillés, elles provoquent l’érosion de la roche. Cette roche, transformée en poussière, voit grandir en son sein des microbes, et bientôt des végétaux : mousses, lichens, et champignons. La roche qui recouvre la terre se fendille alors sous l’action des racines.

Le sol est donc loin d’être constitué de poussière. Il est au contraire très riche en minéraux, en végétaux, en animaux, et même en antibiotiques et en CO₂ ! Plus ou moins perméable, il participe au cycle de l’eau et au cycle du carbone. Les sols contiennent et retiennent en effet deux fois plus de carbone que l’atmosphère. D’où le danger de pratiques agricoles irréfléchies ou inadaptées, qui pourraient libérer d’énormes quantités de carbone, pour l’heure stockées dans les sols.

Le sol nous nourrit et nous protège. C’est à la fois un véritable lieu de vie, une vaste réserve génétique et un livre d’histoire. On estime que 23 % des espèces connues y vivent. Un seul gramme de sol peut héberger jusqu’à 10 000 espèces bactériennes ! La plupart des spécimens qui le peuplent relèvent cependant du domaine du minuscule, puisqu’ils mesurent moins de 2 millimètres. D’autres espèces, tels que le ver de terre ou les larves d’insectes, nous sont plus familiers.

Le rôle du ver de terre

Le ver de terre est un acteur incontournable de la création et du développement des sols. En effet, le sol qui se crée entre le ciel et la roche a besoin d’être brassé et aéré pour devenir fertile. Et c’est là que cet « architecte du sous-sol » qu’est le ver de terre intervient : il creuse des galeries, favorise les interactions entre les différents habitants du sol et facilite l’écoulement des eaux de pluie. Le sol devient, grâce à l’action du ver de terre, un écosystème digne de ce nom, capable d’engendrer des forêts luxuriantes. Mais le sol n’en reste pas moins extrêmement fragile.

Une mosaïque de micro-habitats menacée

Le sol est donc un lieu de biodiversité : les plantes et les animaux qui nourrissent les humains se sustentent à même le sol. Le calcium, le fer, le potassium ou les oligoéléments indispensables à la vie proviennent de ce « garde-manger » universel. De tous temps, les hommes ont tenté d’améliorer les sols, en les labourant, en les épierrant, ou en produisant des cultures en terrasses. Cependant, ils les ont également usés.

Exploiter le sol de manière intensive, c’est épuiser un écosystème fragile et nuire à sa diversité. Aujourd’hui, on estime que 40 à 50 % des sols arables dans le monde sont dégradés. Les activités humaines les polluent, les assèchent et les épuisent. Les sols disparaissent sous les constructions. Ils s’érodent en outre plus vite qu’ils ne s’altèrent. L’altération, qui inclut le cycle de décomposition des feuilles mortes par exemple, fournit la matière première qui compose les sols. L’érosion, en revanche, provoque leur disparition pure et simple.

Pour éviter une mort programmée du sol qui nous nourrit, il est indispensable d’encourager une utilisation durable des sols. Il convient d’éviter de freiner leur formation ou accélérer leur érosion, au risque de les polluer ou de les épuiser. On peut, par exemple, suspendre les cultures et les récoltes pendant une ou plusieurs saisons, de manière à leur donner le temps de se reposer et de se regénérer. C’est ce qu’on appelle la jachère.