Jeune exilé, homme d'État ou opposant, Chateaubriand poursuit une œuvre politique diversifiée.
Les débuts en politiques sous Napoléon Bonaparte
C’est par la littérature que Chateaubriand entre en politique. Le succès du Génie du Christianisme permet à son auteur d’ambitionner des fonctions politiques. En 1803, Chateaubriand est nommé secrétaire de la légation dirigée par le cardinal Fesch avec qui il ne tarde pas à se brouiller. Le poste plus médiocre d’ambassadeur dans le Valais lui est alors proposé. Lorsqu'il apprend l’exécution du duc d’Enghien, Chateaubriand démissionne et devient un adversaire résolu de l’empereur Napoléon Ier qui tente cependant, en 1811, de l’imposer à l’Académie française. Chateaubriand refuse de modifier son discours de réception, qui attaque le despotisme, et n’est pas reçu.
Sous la Restauration, des relations complexes avec le pouvoir
La véritable carrière politique de l'auteur commence sous la Restauration et part, de nouveau, de la littérature. Un pamphlet, De Buonaparte et des Bourbons, et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes, est publié le 30 mars 1814 ; un essai, Réflexions politiques, en octobre. Partisan du régime de la Charte, Chateaubriand espère une réconciliation, autour des Bourbons, de l’ancienne et de la nouvelle France. Pendant les Cent-Jours, il siège au Conseil du roi en exil. Au retour de Louis XVIII, il est nommé pair de France et ministre d’Etat. Mais, en 1816, son œuvre De la Monarchie selon la Charte, qui s’en prend au ministre Decazes et s’achève par l’exclamation : « Vive le roi, quand même ! », est saisie chez l’imprimeur. Entré dans l’opposition, Chateaubriand fonde le journal Le Conservateur.
Un texte d’hommage au duc de Berry assassiné le 13 février 1820 lui vaut un retour en grâce : ambassadeur à Berlin, puis à Londres, Chateaubriand représente la France au congrès de Vérone à la fin de 1822. Nommé ministre des Affaires étrangères le 28 décembre, il est l’artisan de la guerre en Espagne. Un différend avec Villèle provoque son renvoi le 6 juin 1824. A la tête de la contre-opposition royaliste, Chateaubriand lutte pour la liberté de la presse, multiplie articles et brochures. Après la chute du ministère Villèle, Chateaubriand est, à partir d’octobre 1828, ambassadeur à Rome ; il démissionne en août 1829. Après la Révolution de Juillet, il refuse de reconnaître « l’usurpateur » Louis-Philippe. Le sens de l’honneur motive, dès lors, une fidélité chevaleresque à la légitimité déchue et son soutien à la duchesse de Berry.
Les valeurs politiques de Chateaubriand
Historien, journaliste, pamphlétaire, mémorialiste, Chateaubriand poursuit sans cesse, de l’Essai historique sur les révolutions, en 1797, aux Mémoires d’outre-tombe, une réflexion sur les formes de gouvernement, la liberté, l’évolution des sociétés et des idées. Ennemi de l’absolutisme, du despotisme, partisan d’un système représentatif et de la liberté d’expression, ce monarchiste pressent un avenir républicain. Mais, au-delà des systèmes politiques, le christianisme reste l’appui et l’espérance suprêmes. Face aux progrès technologiques déterminant l’avènement d’une société purement matérielle, face à la dissolution du vieil ordre européen, seul le christianisme peut régénérer la société, enfanter l’avenir.