Tocqueville craint les façons désordonnées de s'exprimer et n'approuve pas l'individualisme. Mais il préconise des institutions préservant l'équilibre entre égalité et liberté : séparation des pouvoirs, juges indépendants, associations.
Il constate que l'égalité des conditions est une nécessité historique. Il lie démocratie et égalité, ce qui n'était pas une évidence à son époque. Égalité des conditions signifie égalisation des droits politiques et des ressources.
Il est démocrate par raison et explique qu'il a pour la démocratie « un goût de tête ». Il s'intéresse à l'évolution de la société et prend conscience, tôt au XIXe siècle, que l'avenir est à la démocratie, régime dans lequel le peuple est souverain.
Après ses études de droit, Alexis de Tocqueville est nommé juge auditeur et envoyé en Amérique de mai 1831 à février 1832 pour analyser le système pénitentiaire américain. Mais il en profite pour observer le système politique sur lequel il écrira un livre, publié en 1835.
En 1839, Tocqueville défend au Parlement français ses positions anti-esclavagistes. Mais pendant son voyage aux États-Unis, il a constaté que le racisme est plus fort dans les pays qui ont aboli l'esclavage, ce qui l'inquiète.
Au moment où Tocqueville écrit ce livre, la France a déjà vécu le renversement de la monarchie avec la Révolution française, mais elle oscille entre plusieurs régimes. Les États-Unis représentent pour lui un régime nouveau fondé sur la souveraineté du peuple : un modèle de démocratie.
Tocqueville défend une décentralisation des pouvoirs qui permet une participation à la vie de la cité. Il pense aussi que les sociétés démocratiques doivent trouver des formes d'union dans la vie civile. Il promeut les associations, pour leur rôle de recomposition du tissu social.
« Je hais (...) l'action désordonnée des masses, leur intervention violente et mal éclairée dans les affaires, les passions envieuses des basses classes », écrivait-il. Pour lui, l'égalité en démocratie doit conduire les hommes à adoucir leurs moeurs.
En voyageant aux États-Unis en 1831 et 1832, il observe qu'à cause de l'égalité, les hommes se ressemblent de plus en plus. Tocqueville appelle ce conformisme la « tyrannie de la majorité » : les points de vue minoritaires n'ont plus leur place.
« La liberté est la première de mes passions » a dit Tocqueville. Dans son livre De la démocratie en Amérique, il cherche à avertir sur les dangers qui guettent la démocratie : dictature de l'opinion de la majorité, et paupérisation des ouvriers.
En publiant ce livre, Tocqueville s'est donné pour mission d'être un éducateur politique. Il y expose les institutions et les lois aux États-Unis, et montre comment le peuple exerce sa souveraineté.
Pour lui, à mesure que les conditions s'égalisent, se développe un nouvel état d'esprit : les citoyens s'isolent de leurs semblables et se consacrent à la sphère privée. Il voit ce repli sur les intérêts propres et le désintérêt pour les affaires publiques comme un danger.
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Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville (1805 - 1859) est l’un des pères du libéralisme. Il prend acte, comme Benjamin Constant, d’un changement dans la compréhension même de la démocratie. Alors que dans l’Antiquité, les citoyens voulaient participer au partage du pouvoir et exercer la souveraineté populaire en déployant leurs qualités dans l’espace public, la liberté que cherchent les Modernes n’est plus tant l’autonomie du citoyen que l’indépendance de l’individu. Pour vérifier tes connaissances, lance ce quiz !