Comment s'est passé le débarquement en Provence d'août 1944

6 juin 1944, c'est le débarquement de Normandie. Deux mois plus tard il est suivi du débarquement de Provence. C'est la 2^e phase du plan Overlord et de ses objectifs : chasser l'armée allemande et libérer l'Europe de l'Ouest. Ce 2^nd débarquement, beaucoup moins connu, est pourtant l'une des opérations majeures menées par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. 

Pourquoi un débarquement en Provence ?

L'opération Overlord prévoyait un débarquement en Provence dans le sud de la France , en même temps que celui en Normandie. Il a été retardé par manque de bateaux.

Son objectif est de prendre les ports de Toulon et Marseille. Puis de remonter pour faire la jonction vers Dijon avec les armées qui viennent de Normandie, et de prendre ainsi les Allemands en étau.

Le général de Gaulle a longtemps bataillé pour que la France soit le plus possible libérée par les Français. À l'été 1944, il vient à bord du cuirassé Lorraine dans le port d'Alger, pour donner l'impulsion décisive à sa marine reconstituée et modernisée, et à sa nouvelle armée réunie et rééquipée :

• l'ancien corps expéditionnaire en Italie, qui a contribué à la libération de Rome, intègre la 1^re armée française
• l'armée d'Afrique s'apprête à traverser la Méditerranée. Converge vers la Provence tout ce qui était l'empire colonial français, d'Afrique noire, d'Algérie, du Maroc, de Tunisie. Ils sont 230 000, alors que les Américains et les Britanniques ne sont que 100 000. À bord des bateaux français, le moment est solennel pour ces femmes et ces hommes : c'est le retour à la mère patrie vaincue et humiliée en juin 1940. Leur chef, Jean de Lattre de Tassigny, l'un des rares généraux victorieux de 1940, s'était évadé de France, comme 20 000 de ses soldats.

15 août 1944, jour du débarquement de Provence

C'est un spectacle inoubliable. 2 000 bateaux et la terre en vue.

déclare le général de Lattre. 

« Nancy a le torticolis. Nancy a le torticolis. » a répété dans la nuit la radio de Londres, pour prévenir du débarquement de Provence et des livraisons d'armes à la Résistance.

1. Le rôle de la Résistance : ses effectifs augmentent chaque jour, ainsi que son prestige auprès des filles. 
2. Les parachutistes américains, anglais et français sautent dans l'arrière-pays varois sur les hauteurs de Grimaud pour bloquer l'arrivée des renforts allemands. 
3. À l'aube, un commando de volontaires oranais prend d'assaut les bunkers allemands du Cap Nègre. Le tiers de la 1^re armée est composée de ceux que l'on appellera les « pieds-noirs ». 
4. Les barges de débarquement avancent vers les plages. Ce n'est plus Arromanches, c'est Saint-Tropez...
5. La 3^e division d'infanterie américaine et la 1^re division française libre vont mettre le pied sur la terre de France, sur 18 plages de Saint-Raphaël à Sainte-Maxime et Cavalaire. Les Alliés en Provence auront près de 10 000 morts. Certaines plages sont mieux défendues que d'autres.
6. Churchill fait un discours vibrant à la Chambre des communes : « Quelle chose magnifique que d'être aujourd'hui Français, avoir 20 ans et son pays à reconquérir. »

L'engagement des commandos d'Afrique

Parmi les tirailleurs, le jeune soldat antillais Frantz Fanon, 19 ans, raconte pourquoi il s'est engagé : 

Chaque fois que la liberté et la dignité de l'homme sont en question, nous sommes tous concernés, Blancs, Noirs ou Jaunes. Mais nous sommes confrontés à la discrimination ethnique et au nationalisme étriqué.

20 ans plus tard, Frantz Fanon sera le théoricien de l'anticolonialisme dans le Front de libération nationale, le FLN, qui lutte pour l'indépendance de l'Algérie, dont beaucoup de ces tirailleurs seront les cadres et les soldats. 

En août 1944, sur la route de Marseille, le général de Monsabert, chef aimé et respecté de la 3^e division d'infanterie algérienne déclare : 

Il faut reconnaître l'extraordinaire symbiose qui se réalise dans l'armée d'Afrique entre Français et Maghrébins. L'armée française représentait un idéal.