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Explication linéaire : « Les Caractères » de Jean de la Bruyère - exercice corrigé
Français Lycée
La particularité du commentaire linéaire réside dans le fait qu'il suive la progression du texte. Voici un exercice sur un extrait de l'œuvre de Jean de la Bruyère Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, qui va vous permettre de vous exercer pour mieux vous préparer pour l'examen oral du bac de français.
Texte
Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a avec de l’esprit l’air d’un stupide : il oublie de dire ce qu’il sait, ou de parler d’évènements qui lui sont connus ; et s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire. Il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis ; il court, il vole pour leur rendre de petits services. Il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide. Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. Il n’est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir ; il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et il se retire si on le regarde. Il n’occupe point de lieu, il ne tient point de place ; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n’être point vu ; il se replie et se renferme dans son manteau ; il n’y a point de rues ni de galeries si embarrassées et si remplies de monde, où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu. (…) Il est pauvre.
Eléments d’introduction
Œuvre : Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, qui regroupe un mélange de portraits et de maximes. Elle fut inspirée par Théophraste, philosophe grec de l'Antiquité.
Auteur : Jean de la Bruyère. Il travaillait au service du Grand Condé. Il fréquentait ainsi plusieurs cours mais restait en retrait, en observateur.
Situation du passage : Fin du chapitre VI, « Des biens de fortune » sur la manière dont la condition sociale influence les comportements et la réputation ; apparaît après le portrait du riche, « Giton », qui est son inverse.
Problématique : En quoi ce portrait est-il un faux blâme ?
Découpage du texte :
- Du début à « timide » : le blâme de celui qui manque d’assurance.
- De « il marche doucement » à la fin : les mouvements révélateurs de quelqu’un qui veut se faire oublier.
Première partie : Le blâme de celui qui manque d’assurance
- Portrait physique négatif (énumération « yeux creux », « teint échauffé », « corps sec », « visage maigre ») : Phédon est marqué par le manque, le vide, le « creux », l’absence.
- Des qualités empêchées (« avec de l’esprit », « ce qu’il sait », « évènements qui lui sont connus », « il le fait quelquefois » vs « l’air d’un stupide », « il oublie », « il s’en tire mal », « il croit peser », « brièvement mais froidement ») : c’est un personnage qui se sabote.
- Des défauts manifestes placés avec des adjectifs qualificatifs à connotation péjorative (énumération « complaisant », « flatteur », « empressé », « menteur » ; énumération « superstitieux », « scrupuleux », « timide ») : l’empêchement de ses qualités se transforme en véritables défauts, ceux du courtisan.
Deuxième partie : Les mouvements révélateurs de quelqu’un qui veut se faire oublier
- Des déplacements sans but avec des verbes de mouvement au présent de vérité générale (« il marche », « il marche », « ceux qui passent », « il se met derrière », « il se retire ») : Phédon n’a pas de place attitrée, il est toujours nomade et cherche à se faire oublier ; il est exclu du « cercle » des autres.
- Un rapport négatif aux lieux (« n’occupe point de lieu », « ne tient point de place », « n’être point vu », « il n’y a point de rues ni de galeries », « où il ne trouve moyen de passer sans effort »).
- Effet de chute (« il est pauvre ») : cette chute fait relire tout le blâme en donnant une raison extérieure au manque d’assurance et à la gêne du personnage ; elle retourne le blâme en critique de l’injustice sociale.
Conclusion
Ouverture : Un portrait à lire en regard avec celui de Giton, le riche qui a « le teint frais » : ce sont les mêmes personnages placés dans des conditions sociales différentes.
Ces deux portraits sont écrits en miroir l’un de l’autre.
Réalisateur : Les Bons Profs
Producteur : Les Bons Profs
Année de copyright : 2022
Année de production : 2022
Publié le 15/12/22
Modifié le 05/04/24
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