Le XIXe siècle connaît une succession de crises politiques. Celles-ci engendrent un profond malaise chez les artistes, malaise que le poète, Alfred de Musset, va nommer Le mal du siècle. Ce mal, Baudelaire le nomme « le spleen », c’est-à-dire « la mélancolie », « l’ennui », « l’angoisse », qui est le point nodal de toute son œuvre poétique.
Opposition à Napoléon III
En 1830, la révolution des Trois Glorieuses conduit au renversement de Charles X et à l’avènement de Louis-Philippe à la tête d’une monarchie constitutionnelle. Puis 1848 est l’année d’une nouvelle révolution. Ce soulèvement ouvrier s’insurge contre la société bourgeoise que méprise profondément Baudelaire en raison de son conformisme et de son matérialisme. Le poète s’engage donc du côté des insurgés. Or Louis-Napoléon Bonaparte, élu Président en 1849 dans le contexte de cette révolution, se proclame empereur en 1851 à l’occasion d’un coup d’État. Les poètes comme Baudelaire et dénoncent le régime autoritaire impérial. Baudelaire, à l’instar de son contemporain le penseur anarchiste, Pierre-Joseph Proudhon, finit par nier aussi l’efficacité des mouvements populaires et sombre dans une profonde mélancolie.
Dandy subversif et amoral
Contre-révolutionnaire, nostalgique du vieux Paris face aux récents travaux du baron Haussmann, Baudelaire affiche une position de dandy. Esthète provocateur, sa religion devient l’art, et la beauté sa muse. Amoral, il considère que l’acte créateur doit se situer par-delà le bien et le mal et ne surtout ne pas se soucier de morale « sous peine de mort » comme il l’écrit dans les Notes nouvelles sur Edgard Poe en 1857. Le credo baudelairien est aussi celui de son ami le poète, Théophile Gautier, dédicataire des Fleurs du mal, et partisan de « l’art pour l’art ».
Ainsi on comprend bien que la révolte et le caractère provocant du livre sont tant les conséquences d’un drame personnel que celles d’un contexte historique.