Quête de la vérité et dénonciation sociale dans Jacques le Fataliste

Diderot souhaite non pas instaurer une complicité avec le lecteur, mais « exige » que celui-ci ne soit pas simplement passif. Il veut l’inviter au véritable raisonnement philosophique.


Publié le 04/10/2013 • Modifié le 04/04/2023

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Inviter au raisonnement philosophique

Denis Diderot, en s’appuyant sur les formes variées du récit, tire de multiples fils. Avec facétie, créativité, impertinence, il emmène le lecteur dans une direction puis brouille les pistes et parfois même le frustre. Diderot souhaite non pas instaurer une complicité avec le lecteur, mais « exige » que celui-ci ne soit pas simplement passif. Il veut l’inviter au véritable raisonnement philosophique.

Il met à mal l’illusion de la réalité, au nom de la vérité. Il se veut volontairement déconcertant et énigmatique.

« Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu’il ne tiendrait qu’à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu’il me plairait. Qu’est-ce qui m’empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d’embarquer Jacques pour les îles ? d’y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu’il est facile de faire des contes ! ».

Jacques le Fataliste et son Maître n’est pas un récit engagé. Diderot ne donne pas de « leçons », mais présente plutôt des idées et des arguments pour susciter la libre réflexion du lecteur. Par ce positionnement de penseur plutôt que celui de philosophe,  il ne cherche pas de cohérence et n’a pas peur des paradoxes.
 

Satire sociale

Le récit est parsemé de nombreuses allusions au contexte politique, économique, social et intellectuel de l’époque.

On trouve ainsi, avec des propos parfois cinglants, de nombreuses références à des auteurs (l’abbé Prévost, Rousseau, Voltaire et sa lutte contre le catholicisme), à des personnages réels (le comte de Saint-Florentin alors ministre, le duc de Chevreuse) et à des artistes (le peintre Fragonard, l’ébéniste Boulle).

Diderot fait une peinture de toutes les classes sociales de l’époque.

Les paysans vivent dans la misère, la noblesse perd son statut de classe privilégiée (le marquis des Arcis vit des largesses de Madame Darcis et épouse une courtisane) et la bourgeoise est en pleine ascension (Desglands devient châtelain et prend le titre de « Seigneur de Miremont »).

Diderot critique sans complaisance l’évolution de la société au XVIIIe. Il dénonce le pouvoir de l’argent et souligne que les valeurs morales sont bafouées (le confesseur séduit la pénitente, le mariage est ridiculisé, l’amour est vénal). L’Église est la cible privilégiée des railleries de Diderot.


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