Science et hermétisme : la Renaissance, un carrefour

La Renaissance dans les sciences s’accompagne d’un courant qui serait appelé aujourd’hui ésotérique, où les frontières entre astronomie et astrologie, ainsi qu’entre chimie et alchimie, sont effacées.


Publié le 14/11/2012 • Modifié le 27/09/2022

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Une science de la magie

Ce courant est favorisé par l’école de Florence qui, autour de Marsile Ficin et Pic de la Mirandole, ressuscitent également, parmi les textes anciens, ceux attribués au sage antique Hermès Trimégiste. Se développe ainsi une nouvelle forme d’hermétisme : une  philosophie qui veut approcher différemment nature et univers et agir de manière sensible sur l’ensemble des savoirs physiques, chimiques, biologiques.

Pour le médecin suisse Paracelse, très inspiré par l’hermétisme, maladie ou santé du corps tiennent à l’harmonie entre homme et nature, entre microcosme et macrocosme. On lui attribue la première mention clinique de l’inconscient (Des maladies invisibles et de leurs causes, 1532).

Précurseur de la toxicologie, il a vu que le mercure soigne la syphilis, mais, mal dosé, tue. Ce que l’on nommerait aujourd’hui « médecine douce » relevait alors, de ce que l’on appelait, sans aspect péjoratif, le magique. Cette ambiguïté du statut de la « magie » est présente aussi dans La Philosophie occulte (1510) de l’Allemand Agrippa de Nettesheim, nommé en 1524 médecin personnel de Louise de Savoie.

Les cours engageaient ainsi des conseillers, à la fois médecins et « astrologues ». Le mélange « savant »-« mage » est alors courant. John Dee, véritable savant, mais aux écrits réputés « hermétiques », a eu ce rôle de « mage » (1558-1580) auprès d’Élisabeth Ire d’Angleterre.

Les cabinets de curiosité

Dans La magie naturelle (1558), du savant-opticien Giambattista della Porta, somme de vulgarisation scientifique abordant optique, médecine, cuisine, on ressent ce subtil mélange.

Curieux d’exposer ses recherches et expérimentations, Della Porta est à l’origine de la création des cabinets de curiosités (studiolo) ancêtres des musées.

Nombre de princes d’Europe s’offrent alors des cabinets de curiosités, où se côtoient œuvres d’art, raretés minérales et monstruosités du genre squelettes d’animaux mythiques. Ambroise Paré, dont l’expérience des champs de bataille a formé la pratique savante de la chirurgie, mélangera, dans Monstres et prodiges (1585), des gravures de vraies difformités issues de son expérience réelle, à des êtres stupéfiants, aujourd’hui pure légende. On retrouve ce même métissage dans les livres des naturalistes Conrad Gessner et Ulisse Aldrovandi, figures pourtant très sérieuses des sciences naturelles… La soif scientifique de la Renaissance a ainsi sa part d’ombre et de mystère.


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