La défaite de Diên Biên Phu

Le 7 mai 1954, l’armée française subit une défaite historique à Diên Biên Phu, au Vietnam. Au terme d’une bataille acharnée contre les troupes d’Hô Chi Minh, figure de l’indépendance vietnamienne, la France est vaincue. C’est la fin de la guerre d’Indochine.

Indépendance du Vietnam et guerre d'Indochine

A partir de 1858, la France étend son empire colonial jusqu’en Extrême-Orient. Les actuels Cambodge, Laos et Vietnam sont bientôt regroupés sous le nom d’Indochine. Ce vaste territoire d’Asie est une mine d’or pour les colons qui exploitent ses nombreuses ressources comme les minerais, le riz, le bois, ou le caoutchouc. Mais en 1939, tout bascule. La Seconde Guerre mondiale éclate et l'Indochine est envahie par les troupes du Japon. À la fin du conflit, une organisation communiste nationaliste, le Viêt-Minh, profite de la capitulation japonaise pour déclarer l'indépendance du Vietnam. Affaiblie, la France veut restaurer son autorité en Indochine, et tente de négocier avec le chef du Viêt-Minh, Hô Chi Minh. Mais en vain. En décembre 1946, la guerre d’Indochine éclate.
Malgré l’aide financière des États-Unis qui veut enrayer la menace communiste en Asie, la France perd du terrain face à l'Armée populaire du Viêt-Minh soutenue par son puissant allié chinois. Pendant 7 ans, les défaites se succèdent et l’armée s’enlise, tandis qu’en métropole, l’opinion comme la presse fustigent cette « sale guerre ». En mai 1953, l’état-major français sait qu’il ne peut plus l’emporter en Indochine et décide de tout miser sur une ultime bataille. Le général Henri Navarre reçoit pour mission de remporter une victoire décisive pour s’offrir une sortie diplomatique honorable. Le choix se porte sur Diên Biên Phu, un petit village au cœur de la jungle sur la route de l’armée Viêt-Minh. En novembre 1953, les troupes françaises s’emparent du site et commencent la construction d’une base retranchée dans cette vallée cernée par les collines. Mais l’enclave militaire se transforme en piège mortel pour l’armée française.

Le piège de Diên Biên Phu pour l'armée française

Au printemps 1954, le général Giap, commandant des troupes Viêt-Minh, achemine 80 000 hommes et des tonnes d’armes et de munitions à travers la jungle. Les 15 000 français du général de Castries sont bientôt cernés, mais pensent pouvoir résister dans la cuvette de Diên Biên Phu.

Le 13 mars 1954, l’assaut Viêt-Minh est donné. La puissance de l’artillerie adverse surprend le camp français. Dès les premiers jours de la bataille, des canons cachés dans les collines pulvérisent les installations de la base. Le 28 mars, la piste d'atterrissage est inutilisable. Le ravitaillement d’armes et l’évacuation des blessés devient impossible. Après les salves d’artillerie, les soldats Viêt-Minh attaquent par vagues, au mépris de leur vie. Des combattants se jettent sur les barbelés pour permettre à leurs camarades de passer derrière eux. Avec le renfort de parachutistes, les troupes françaises, six fois moins nombreuses, résistent pendant des semaines. Mais les collines fortifiées tombent les unes après les autres sous les attaques ennemies.
► Le 7 mai 1954, après 55 jours et autant de nuits de combat, le camp retranché de Diên Biên Phu fini par tomber. 3 000 soldats français sont morts, et près du triple dans le camp adverse. Cette cuisante défaite sonne le glas de la présence française en Indochine.

Le début de la décolonisation française

La défaite de Diên Biên Phu crée un choc politique en métropole. Un mois plus tard, Pierre Mendès France, farouche opposant au conflit, prend la tête du gouvernement. Le 21 juillet 1954, il signe les accords de Genève qui mettent officiellement fin à la guerre d’Indochine. Humiliée, l’armée française se retire. Sur 11 000 prisonniers, seuls 3 300 sont libérés. Les autres meurent dans des camps, d’épuisement ou de maladie.

Le 31 juillet, la France reconnaît l’autonomie de la Tunisie. 10 jours après l’indépendance des pays indochinois, la décolonisation est amorcée.

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