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La liberté d'expression pour la génération Z
L'entre deuxDans cet épisode de L'entre deux, Gaspard G vient à la rencontre des étudiants du lycée des Petits Champs pour parler de liberté d’expression. Ils vont pouvoir s’entretenir avec Richard Malka, avocat, auteur et scénariste de bande dessinée.
C’est quoi la définition de la liberté d’expression ?
C’est la possibilité d’exprimer librement ce en quoi on croit, nos opinions sans risquer d’aller en prison, parce qu’on aurait critiqué le président de la République par exemple. Il a fallu des siècles de combat pour parvenir à ça. Il y a deux systèmes :
- le système américain : Avec le premier amendement, vous pouvez tout dire, à quelques exceptions près ⇒ pas d’incitation au meurtre bien entendu.
- le système européen : il y a un principe de liberté avec tout un tas d’exceptions comme la diffamation, l’injure, l’incitation à la haine à raison de l’origine, la couleur de peau, la religion, le genre.
La liberté d’expression est-elle garantie ?
La liberté d’expression est le droit fondamental d’exprimer ses opinions sans risquer de sanction. Que ce soit pour critiquer, caricaturer ou débattre, elle est essentielle au bon fonctionnement d’une démocratie. En France, ce droit est inscrit dans les droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Mais il n’existe pas partout. Dans certains pays comme la Corée du Nord, le Turkménistan ou l’Arabie Saoudite, la liberté d’expression est sévèrement restreinte, voire totalement absente. En démocratie, la liberté d’expression conditionne d’autres droits fondamentaux, notamment la liberté de la presse qui encadre les droits et les responsabilités des médias, le droit de manifester, considéré comme une expression collective des opinions ou le droit à la caricature, qui par la satire garantit la libre circulation des idées. La liberté d’expression inclut aussi le droit de critiquer toute croyance, idéologie ou autorité, y compris religieuse. C’est d’ailleurs en 1881 que le délit de blasphème a été aboli en France. Ce droit est directement lié au principe de laïcité qui garantit la neutralité de l'État et sa séparation avec les pouvoirs religieux. La France est un état laïque. Si la liberté d’expression a longtemps été encadrée par des médias traditionnels, Internet et les réseaux sociaux ont changé la donne. Chacun peut désormais s’exprimer publiquement et potentiellement toucher une large audience.
- En 2024, plus de 50 M de Français sont actifs sur les réseaux sociaux, soit 78 % de la population. Cette liberté élargie s’accompagne de nouveaux défis : désinformation, discours de haine, censure privée.
Où s’arrête la liberté d’expression et où commence ses abus ?
Pendant des siècles, les hommes se sont battus contre l'État, la police, la justice pour avoir le droit de parler. Et on sent une peur, comme si c’était trop de liberté, comme si c’était inconfortable. On a inventé cette notion de respect, de non-offense pour limiter cette liberté. Pas le droit de dire ci ou ça parce que ça choque. Et pourtant, c’est précisément la définition que donne la cour européenne des droits de l'homme de la liberté d’expression :
« Tout ce qui choque, qui heurte, qui blesse. »
La liberté d’expression va jusque-là, il faut l’accepter. Il faut enseigner le respect des personnes mais il faut aussi enseigner le droit à l’irrespect de toutes les croyances et de toutes les idées. C’est comme ça qu’on forme des citoyens libres.
Quelle est la limite entre liberté d’expression et incitation à la haine ?
On peut critiquer, se moquer, rire de toutes les idées et de toutes les croyances, et c’est nécessaire pour que ces croyances ne deviennent pas des dogmes, des idolâtries auxquelles on ne pourrait plus toucher et qui s’imposeraient à la Terre entière. Quand on touche aux personnes directement, là ça peut être de l’incitation à la haine, à raison de leur croyance ou de leur orientation sexuelle. En gros, si je dis que le judaïsme, l’islam, la christianisme, c’est moche, c’est toxique, j’ai le droit de dire et il faut que j’aie le droit. Par contre si je dis que les Juifs sont méchants, les Arabes sont des voleurs et les Chrétiens sont fourbes, ça, je n’ai pas le droit. C’est ça la grande différence, on respecte les personnes mais pas les idées ni les croyances.
Richard Malka est-il menacé de mort pour ses combats et valeurs démocratiques et laïques ?
Oui, c’est pour cela que je suis sous protection judiciaire depuis le 8 janvier 2015, c’est-à-dire, depuis le lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo où la rédaction et les dessinateurs ont été massacrés. Je suis l’avocat de Charlie Hebdo depuis 33 ans. Quand vous choisissez des combats, parfois ils sont dangereux. Pour moi, la liberté d’expression, c’est le socle de toutes les autres libertés.
Pourquoi Charlie Hebdo choque plus que les propos ouvertement racistes et haineux sur les réseaux sociaux ?
L’impact est lié au fait que ce soit du dessin. Vous pouvez être analphabète, parler une autre langue, le dessin est compris par tout le monde. L’impact est donc plus fort. C’est pour ça que les réactions sont aussi vives. L’objectif de Charlie Hebdo, c’est justement de briser tous les tabous, tous les totems, tout le sacré.
Pourquoi Charlie hebdo a fait une caricature de Gisèle Pelicot ?
Ce qui a choqué dans ce dessin, c’est que Charlie a caricaturé l’oppressée plutôt que l’oppresseur. Richard Malka voit ça plus comme un soutien : dans ce dessin, elle se venge. Gisèle Pelicot n’a pas dit que c’était de mauvais goût. Si ça se trouve, elle en a rigolé. Le problème c’est que si on considère Gisèle Pelicot comme une sainte, alors on n’a pas le droit de la représenter. Elle devient alors iconique. C’est tellement important et grave qu’on ne devrait même pas rire de cette affaire-là. On en revient toujours à cette problématique du rire.
Pourquoi a-t-on l’impression que la laïcité n’attire plus la nouvelle génération ?
On peut ressentir effectivement parfois dans la jeunesse qu’il y a une incompréhension. Et qu’on assimile la laïcité au racisme ou à des valeurs conservatrices alors que ce sont des valeurs révolutionnaires. La laïcité, c’est la liberté par rapport aux religions. Les lois des hommes sont supérieures aux lois des dieux. C’est la phrase de Victor Hugo :
« L’Eglise chez elle et l’État chez lui. »
C’est séparé. Sinon, on va vous dire que vous n’avez pas le droit d’étudier des tableaux du XVIIe siècle car il y a des nus et que c’est impur. On va vous dire qu’il ne faut pas enseigner Flaubert ou Rimbaud. La laïcité préserve de toutes ces lois religieuses. La laïcité, ça veut dire liberté, égalité, fraternité.
Est-ce que les jeunes d’aujourd’hui se sentent le droit de tout dire sur les réseaux sociaux ?
Les jeunes commencent à avoir peur à cet âge-là. C’est triste. Il faut se battre contre ça. Ne laisse pas ta parole t'être confisquée. C’est plus dur maintenant. Mais c’est comme ça qu’on nous prive de notre liberté, en laissant des petits groupes qui parlent très très fort, exercer une terreur intellectuelle sur tous les autres. Simon Bolivar disait :
« Tous les peuples du monde qui ont combattu pour la liberté ont finalement éteint leurs tyrans. »
C’est quand on commence à ne plus se battre pour sa liberté qu’elle recule. On ne peut rien faire contre un peuple attaché à sa liberté d’expression. Mais il faut un collectif, une solidarité.
Quel conseil donner à la nouvelle génération ?
Ne te laisse jamais manipuler ! Ne te laisse jamais dire ce que tu dois penser sans t'être formé toi-même ton opinion, ce qui suppose d’être informé. Amuse-toi ! Ne te prends pas trop au sérieux. Dans toutes les idées, il n’y a rien de sacré. Les religieux sérieux passent leur temps à commenter, discuter les textes, à s’engueuler et à rire.
Réalisateur : Adrien Benoliel
Producteur : Outsideur
Année de copyright : 2025
Année de production : 2025
Publié le 24/03/25
Modifié le 24/03/25
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