Les origines de la persécution des homosexuels par les nazis

Quel contexte historique a amené les nazis à persécuter les homosexuels allemands dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir ? Comment Berlin, pourtant réputée comme la capitale européenne la plus tolérante à l'égard de l'homosexualité a-t-elle radicalement changé d'attitude sous le régime nazi ?

Qu'est-ce que le paragraphe 175 du code pénal allemand ?

Depuis 1871, les rapports sexuels dits « contre-nature », sont condamnés par le code pénal allemand. C'est l'objet du paragraphe 175 qui stipule que :

La fornication contre-nature commise entre personnes de sexe masculin ou entre des êtres humains et des animaux sera punie d'emprisonnement. La privation des droits civiques pourra également être prononcée.

Si ce paragraphe a été conservé après la Première Guerre mondiale par la République de Weimar, l'Allemagne fait preuve d'une certaine tolérance vis-à-vis des homosexuels. On trouve par exemple des journaux spécialisés pour hommes, femmes et travestis, dans lesquels sont publiés des articles, des photographies érotiques et même des petites annonces de rencontre. Le pays compterait plus de 1,5 millions d'homosexuels hommes et femmes et Berlin est considéré comme « la capitale homosexuelle » de l'Europe.

La vie des homosexuels en Allemagne avant le III^e Reich

Aussi tolérantes soient les autorités allemandes, les homosexuels doivent néanmoins se faire discrets. Les rencontres se font souvent à la sauvette dans les parcs, les urinoirs et les bains publics. Les arrestations fréquentes ne donnent néanmoins pas lieu à plus de trois mois d'emprisonnement en général. La nuit, les lieux de rencontres et de divertissement pour homosexuels et lesbiennes sont nombreux à Berlin. Bars, cabarets, dancings... on peut y voir des spectacles de travestis. Des artistes, des intellectuels et des bourgeois s'y cotoient régulièrement dans une ambiance de fête des années folles. Dans ces lieux, chacun peut vivre sa différence en toute liberté. On peut même y entendre Das lila Lied « La chanson mauve », véritable hymne homosexuel composé en 1920.

Le point de vue des nazis sur l'homosexualité

L'Allemagne souffre économiquement des lourdes sanctions financières imposées après l'armistice de 1918. Adolf Hitler promet de restaurer la grandeur et la morale dans le pays et l'idéologie nazie gagne du terrain dans toutes les couches de la société allemande. Considérés comme pervers et décadents les homosexuels sont régulièrement pris pour cibles. À l'inverse des nazis, le docteur Magnus Hirschfeld, un des membres fondateurs du comité scientifique humanitaire (première association homosexuelle de l'histoire), lutte activement pour l'abolition du paragraphe 175.