Les représentations dans les arts de l'islam

Les cultures marquées par l'islam ont développé une esthétique propre, communément appelée « arts de l'islam », qui s'applique tant au domaine religieux qu’au profane.


Publié le 23/04/2013 • Modifié le 30/09/2022

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La calligraphie

La calligraphie est un des attributs majeurs de l’art islamique. Pour les musulmans, l’arabe est une langue sacrée et sa transcription à l’écrit porte une symbolique forte. On la retrouve sur tous les supports, du livre à l’architecture en passant par la céramique, le verre, le textile… Mais la calligraphie a été très tôt codifiée. Le style le plus répandu reste le coufique, très développé dès le VIIIe siècle, utilisé pour copier . À partir de là vont se développer six grands styles, codifiés au XIIIe siècle, avec des variantes régionales. La calligraphie s’intègre progressivement dans les décors en mêlant des motifs végétaux, géométriques et même figuratifs : la calligraphie dite animée présente des petites têtes de personnages au bout des hampes des lettres. L’écriture arabe se stylise à l’extrême, devenant parfois un motif à part entière qui perd toute signification et devient illisible.

L’écriture arabe possède des qualités plastiques qui en font l’un des domaines privilégiés de la créativité. L’agencement des hampes verticales et des boucles, la possibilité de jouer sur la longueur des lignes, la hauteur des caractères et leur largeur leur permettent de moduler le rythme et la répétition des formes.

L’enluminure et la miniature

L’enluminure décore les feuillets des manuscrits. Les motifs sont disposés en cartouches, en bandeaux ou en bordures. Ils sont peints à la gouache, à l’argent et à l’or. Ils sont abstraits et géométriques pour le Coran et les textes religieux. En revanche, des végétaux, des animaux et des personnages agrémentent les marges des récits poétiques et littéraires. Les premiers livres illustrés sont des oeuvres scientifiques.

La miniature illustre des oeuvres variées, philosophiques, littéraires, comme des fables ou encore des épopées. C’est une peinture fine de petits sujets, réalisée à la gouache avec des couleurs chatoyantes. Elle présente un monde en deux dimensions et ne cherche pas à copier la réalité.

L’arabesque

L’arabesque, de l’italien arabesca, apparait comme une des caractéristiques de l’art islamique. Cet entrelacement végétal sinueux où s’enroulent tiges, feuilles et fleurs arrivent à créer un rythme, souvent répétitif, qui se démultiplie à l’infini. Les artistes transcrivent cette nature en la stylisant, les lignes s’épurent mais peuvent se peupler d’animaux, de calligraphie, voire de personnages. En regardant avec attention les œuvres d’art islamique, on se rend compte que la plupart des motifs s’inspirent de la nature, revisitée pour former des compositions géométriques extrêmement élaborées. Il faudra attendre le milieu du XVIe siècle pour que les artistes des grands Empires de l’Iran, de l’Inde et de la Turquie, ne transcrivent la flore avec un certain réalisme. Symbole de vie et de foisonnement, la nature évoque aussi le jardin du Paradis, auquel les musulmans aspirent après leur mort.

Mahomet, un homme et un prophète

En représentant en peinture ou en sculpture des êtres vivants, en particulier des humains, les artistes entreraient en concurrence avec Dieu, qui seul a le pouvoir de donner la vie. En réalité, il s’agit d’une mise en garde contre l’idolâtrie, c'est-à-dire ne pas adorer des images plutôt que Dieu lui-même. Aussi, les artistes et artisans musulmans ne se sont-ils pas privés d’exécuter au fil des siècles des figures d’hommes et de femmes, aussi bien pour illustrer des livres que décorer des objets de la vie quotidienne. Ils ont souvent interprété la nature, ne cherchant pas à copier comme dans la peinture occidentale où la lumière et l’ombre créent un modelé qui donne l’illusion de la vie. Ils ont privilégié une expressivité qui fait davantage penser à la bande dessinée. Cela n’a pas empêché, en terre d’Islam, la pratique du portrait par lequel on dresse une image fidèle et réaliste du modelé. Ce sont les souverains – califes, sultans, rois –, qui pour légitimer leur pouvoir, vont demander aux artistes de se rapprocher le plus d’une photographie. Avant le XVe siècle, l’image des princes reste idéalisée ; après cette date, surtout en Iran et en Inde, on voit fleurir des effigies qui permettent d’identifier tout de suite le personnage qui pose.

Dans l’art islamique, les représentations de apparaissent en Turquie, en Iran et en Inde. On le voit le visage caché et la tête auréolée de flammes. Et sa légendaire épée Dhûl-Faqar, à la lame divisée en deux pointes comme une langue de serpent, orne souvent l’étendard des armées.

Les femmes

Dans les arts de l’Islam, les femmes sont aussi présentes dans la peinture. Pour l’édification des princes, les miniaturistes s’inspirent dans leur composition des traditions bibliques, des Histoires du Coran, des biographies du Prophète Siyer-i Nebi, et des textes de la littérature classique comme les poèmes de Majnoun, de Saadi ou de Hafez et du célèbre Livre des rois de Firdûsi qui mêle histoire et mythes. Elles sont représentées dans des décors fastueux et raffinés ou des paysages fabuleux.

Les illustrations des scènes bibliques et des histoires qui relèvent de la tradition de l’islam montrent ces femmes prestigieuses (Marie, les mère et nourrice du prophète) auréolées de lumières pour les distinguer des princesses, des courtisanes, des musiciennes, des danseuses… À partir du XVIIe siècle, les peintres s’ouvrent aux influences européennes. Désormais, les visages ne suivent plus les règles de la représentation idéalisée, mais deviennent des portraits fidèles et réalistes. On retrouve une multitude de représentations féminines sur des objets en céramique en métal ou en verre fabriquées pour les cours de Perse, de l’Inde et de la Turquie ottomane. Ces pièces avaient une fonction autant ornementale qu’utilitaire.

Les animaux

La civilisation de l’Islam s’est étendue sur de vastes territoires et a touché des populations aux multiples traditions ancestrales. Elle a de ce fait hérité d’un répertoire décoratif foisonnant notamment pour le décor animalier qui occupe dans l’art islamique une place particulière, au même titre que la calligraphie ou l’arabesque. Que ce soit des représentations en deux dimensions — peintes dans des manuscrits, sur des céramiques et des verres, tissées, ciselées et incrustées sur des métaux — ou en trois dimensions — brûle-parfums, aquamaniles, réservoirs de pipe à eau — les animaux représentés appartiennent à toutes les espèces évoluant sur la terre, dans les airs ou en milieu aquatique. En fonction des lieux et des siècles, ils sont dessinés et sculptés d’une manière très stylisée ou très naturaliste, mais toujours avec un grand sens de la vie et souvent avec humour.

Certaines pratiques impliquant des animaux relèvent des prérogatives des califes, sultans et princes : l’équitation, la fauconnerie, la chasse mais aussi l’entretien de ménageries dans l’enceinte des palais. Le lion, l’aigle et l’éléphant sont quant à eux associés à l’image du pouvoir.

Il y a enfin les créatures surgies de l’imaginaire comme le dragon, emprunté à la Chine, le phénix et la harpie, hérités de la mythologie grecque, le griffon… Sans oublier al-Buraq, la monture à tête de femme que chevauche Mahomet, lors de son Voyage nocturne vers le Septième ciel.

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