Le roi et le système féodal

Au Moyen Âge, si l'on remonte la pyramide du vassal en suzerain, le roi est au sommet : suzerain des suzerains, il est le « seigneur suprême ». Mais son pouvoir va mettre plusieurs siècles à s'affirmer.


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 26/09/2022

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Au-dessus des seigneurs dans la hiérarchie de la société, le roi incarne une fonction ultime d’intérêt général regroupé, nouée par une fonction symbolique : le roi est « sacré », il n’existe que par un rite religieux, qui prend forme dans le sacre et le serment qu’il prête devant Dieu de défendre son « peuple chrétien ». Cependant, de l’effondrement de l’empire carolingien à la consolidation du système féodal, toute une période voit se renforcer la « société seigneuriale » et son réseau de « principautés », au détriment de la notion « d’état » et de royauté.

Décentralisation du pouvoir royal

Dès le début du Xe siècle, le paysage politique du domaine français est dominé par des princes qui, partout où c’est possible, relaient à leur profit les prérogatives royales, trament un maillage local où ils se placent en interlocuteurs premiers. Autour de l’an mille, la hiérarchisation des pouvoirs fonctionne mal et l’autorité royale n’est plus en état de défendre localement les sujets. Ces derniers se tournent, pour une protection rapprochée, vers les comtes et vicomtes, les ducs et les marquis, et la magistrature du roi devient essentiellement morale, insuffisante à empêcher le système des clientèles locales en train de se consolider. Le XIe siècle sera celui des , les rois s’efforçant de contenir les excès du système, au milieu de l'éclatement de la souveraineté en une multitude de principautés indépendantes. Au XIIe siècle, Louis VI, dès le début de son règne, portera les premiers coups au système féodal en encourageant les pouvoirs communaux, s’en servant comme levier royal contre la puissance des vassaux ; , de même, forceront les seigneurs à engager leurs pouvoirs à la couronne.

Renforcement des monarchies féodales

Puis, au XIIIe siècle, de Philippe Auguste à Philippe le Bel, les progrès du pouvoir royal arriveront à réimposer un gouvernement central. Le roi exige l’hommage de ses vassaux, intervient dans les fiefs, taxe de félonie ses vassaux indisciplinés, joue pour lui-même des sentiments de fidélité qui doivent s’attacher à la personne du seigneur. Se met alors en place une monarchie féodale, usant des obligations vassaliques pour faire plier principautés et seigneurs territoriaux. Par la force des armes, par des jugements, des achats, des jeux de succession, les souverains réuniront au domaine royal le plus grand nombre possible de fiefs, démembreront les privilèges des feudataires (cf. ). Au-delà des croisades, la guerre de Cent Ans posera la même contradiction entre la « mobilisation générale » d’un royaume et l’atomisation féodale. La question militaire se résoudra alors en arrachant la guerre aux seigneurs de la guerre et à leurs chevaliers, et en constituant une armée de métier à partir d’impôts centralisés : la question de fond est bien celle du passage de la féodalité à l’état royal.

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