Stefan Zweig ou l'art de la biographie


Publié le 16/10/2012 • Modifié le 16/02/2022

Temps de lecture : 1 min.

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Dans les biographies de Zweig, la dimension psychologique prime sur le récit factuel et chronologique. Il tente de s’approcher au plus près de l’âme de ses sujets d’étude dont il veut comprendre le caractère, les égarements et les désirs. Zweig s’attache surtout aux anti-héros, aux vaincus, aux méconnus : le thème de la faiblesse est indissociable de sa pensée. Seul celui qui a été blessé et humilié s’accomplit véritablement en tant qu’homme. Ce sont ses souffrances et l’échec qui le forgent et lui donnent sa vraie valeur.

Les figures historiques

Il choisit donc des figures malmenées par l’histoire, comme Marie-Antoinette. Il fait de cette dernière un portrait psychologique sans complaisance mais sans aversion. Elle n’est qu’une femme ordinaire qui, sous la pression de l’histoire et d’un destin tragique, s’élève vers l’héroïsme. Il s’intéresse aussi logiquement à Magellan, navigateur méprisé de son vivant et reconnu que bien après sa mort. Avec Érasme, Zweig entre dans un processus d’identification qui le révèle aux yeux de son lecteur. À travers Érasme, premier Européen, humaniste qui refusa de sacrifier sa neutralité dans une Europe déchirée par les conflits religieux, c’est Zweig lui-même qui apparaît et parle enfin de lui, de ses doutes et de ses convictions. Sa démarche biographique s’inscrit aussi dans son questionnement sur les liens qui unissent l’histoire et l’actualité; il tente d’éclairer le contexte présent à travers les lueurs du passé (Fouché).

Les « architectes » du monde

Il étudie également des personnalités qui par leur génie et leur création ont offert à l’humanité un bien plus fort que la barrière des nationalités. Un projet qu’il baptiste les Architectes (ou Bâtisseurs) du monde. Ce sont des portraits à la fois littéraires et psychologiques que Zweig brosse en comparant trois sujets au sein d’un même essai. Dostoïevski, Balzac et Dickens sont des constructeurs ; Stendhal, Casanova et Tolstoï sont des introspectifs qui ont analysé eux-mêmes les abîmes de leur personnalité. Le triptyque le plus saisissant reste celui de Kleist, Hölderlin et Nietzsche, qui sont dominés par ce que Zweig appelle le « démonisme » : ils portent en eux une force destructrice. Luttant contre leur part sombre, ils ont tous produit une œuvre puissante. Fasciné par ces écrivains maudits, Zweig possède lui-même ce « démonisme ».


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