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Au cœur de la propagande russe
La fabrique du mensongePendant que sur le front, l’armée russe bombarde les villes ukrainiennes, dans les médias d’Etat, les journalistes orchestrent une autre guerre qui consiste à complexifier l’information, à base de fake news. En seulement une décennie, l’Etat major du Kremlin a su développer une arme de destruction massive dans la bataille des cerveaux. Internet et les réseaux sociaux sont, en effet, inondés de contenus de bots, d’usines à trolls, de médias d’Etat, d’influenceurs... Jour après jour, le pouvoir russe distille de fausses informations, manipule l’opinion publique et déstabilise les démocraties occidentales. Des pratiques mises en place dans le monde entier, de l’Espagne au Sahel en passant par les Etats Unis.
La désinformation, l’arme destructrice de Poutine
Ukraine, 9 mars 2022 : une frappe aérienne russe touche une maternité à Marioupol. Des dizaines de civils sont touchés, dont des femmes enceintes. Des journalistes américains prennent des images qui font le tour du monde. Elles deviennent le symbole de l’agression russe. En réaction, le Kremlin conteste la réalité, multiplie les fausses informations et créé une réalité alternative à base de déni et de mise en scène... Le mensonge russe se propage sur les réseaux sociaux par les relais habituels de la complosphère, en France c'est l’ancien militaire suisse Jacques Baud, la journaliste Anne-Laure Bonnel et même certains politiques. C'est une autre manière de raconter la guerre ou une pure manipulation ?
Le pouvoir politique des réseaux sociaux
A la fin de l’année 2011, la candidature de Vladimir Poutine pour un troisième mandat présidentiel provoque contestation et envies de liberté au sein de la population russe. Le mouvement s’organise principalement sur les réseaux sociaux. Le Kremlin, qui ne maîtrise pas encore ces nouveaux outils, est pris de court. Les autorités russes s’inquiètent du pouvoir de ces réseaux, qui ont joué un rôle considérable dans les révolutions du Printemps Arabe. Dès sa réélection, Vladimir Poutine musèle l’opposition et prend une orientation politique conservatrice et offensive, surtout envers l’Occident, qu’il accuse d'exacerber les tensions dans son pays.
La guerre hybride, entre opérations de terrain et désinformation
- Ukraine, 18 février 2014. A Kiev, des manifestants proeuropéens réclament le départ du président ukrainien, inféodé au Kremlin, Viktor Ianoukovytch. Il finit par quitter le pouvoir. Le 27 février, en réponse, un rideau de fer s’abat sur la Crimée, au sud de l’Ukraine. Les soldats russes, sans insigne ni drapeau, envahissent ce territoire souverain et l’annexe ; ce qui n’est pas arrivé depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour justifier cette annexion, Poutine proclame que l’Ukraine est aux mains des nazis et que de nombreux Ukrainiens veulent venir en Russie. Ce mensonge, relayé par les médias d’Etat et les réseaux sociaux, est utilisé par Poutine depuis l’époque de l’URSS. En mars, Poutine annonce l’annexion de la Crimée. Les Occidentaux contestent sans réagir et laissent faire.
- Syrie, 30 septembre 2015. Des avions russes bombardent la résistance qui s’oppose au président Bachar Al Assad que Poutine soutient depuis de longues années. Août 2013, l’armée syrienne lance une attaque chimique contre sa population, Poutine nie l’évidence, accuse en retour l’opposition. L’Occident qui avait menacé d’entrer en guerre en cas d’utilisation d’arme chimique, y renonce finalement. Pour Poutine, c’est le signe que ses ambitions peuvent être sans limites.
- Syrie, Août 2015. Poutine décide de bombarder les quartiers de l’opposition. Des personnes portent secours avec des casques blancs et témoignent des atrocités. Une aubaine pour le Kremlin, qui les considère alors comme des terroristes, arrivés les premiers sur les lieux. Vanessa Beeley, britannique et fille de diplomate, journaliste indépendante confirme ce mensonge. Indépendante mais s'affiche avec Bachar Al Assad et e Maria Zakharova, la porte-parole du ministre russe des Affaires étrangères. Elle multiplie les attaques sur Twitter, les médias, sur son blog… son discours se propage à l'international, via une galaxie d’influenceurs prorusse, les vidéos sont partagées des milliers de fois. La stratégie du doute fait ses preuves, le Kremlin va pouvoir l’appliquer partout et plus particulièrement aux processus électoraux.
Le tournant politique : déchirer la population, faire basculer l’élection
Lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, le candidat Donald Trump, promet de se débarrasser des démocrates, alors au pouvoir. Poutine voit en lui un allié idéal, pour la production de ses fake news, face à Hilary Clinton.
- USA, 8 mars 2016. Un homme de plus en plus puissant et proche de Poutine orchestre les attaques sur le net : Evgueni Prigojine, le cuisinier du Kremlin. Il est à la tête d’un empire médiatique, dont l’Internet Research Agency (IRA), une ferme à troll très prolixe. La stratégie est celle prévue par Facebook pour l’acquisition d’audience : les trolls créent des pages sur des sujets de société puis payent pour faire remonter leurs contenus sur les fils d’actualité des abonnés. En quelques mois, 126 millions d’Américains voient ces contenus, sans savoir qu'ils sont russes et antidémocratiques. C’est la moitié de la population américaine.
- Géorgie, Buffalo, Texas... Les trolls organisent des événements via Facebook et provoquent des manifestations sur le sol américain, parfois très controversées, qui risquent d’aller à l’affrontement. En quelques mois, les Russes ont réussi à faire basculer l’élection : Trump est élu. Avant son départ, Obama exprime ses craintes envers les manipulations de la Russie.
Affaiblir les démocraties occidentales : diviser pour mieux régner ?
La stratégie russe, c’est utiliser tous les canaux pour faire grandir un chaos déjà présent : en Angleterre, c’est le Brexit ; en Allemagne, la virulence des mouvements anti-migrants ; en France, le piratage des emails au second tour de la présidentielle de l'un des candidats...
- Espagne, octobre 2017. A Barcelone, lors d’une crise de l’indépendance pour la Catalogne, les chaines russes annoncent que l’Espagne est au bord d’une nouvelle guerre civile, comme en 1936. Russia Today et Spoutnik, enflamment les réseaux sociaux, dans un climat déjà tendu. Une armée de bots surgit sur Twitter. Ces faux profils, qui semblent pourtant réels, activés au même moment, peuvent donner l’illusion que quelque chose a vraiment lieu. Leurs messages sont vus plus de 125 millions de fois et influent sur les résultats du référendum, en faveur de l’indépendance. Moscou maintient la pression, l’indépendance est votée, mais le pouvoir madrilène la déclare illégale. Les mois suivants, les manifestations continuent, ainsi que les rapports avec les Russes.
- Madagascar, été 2018. Des Russes, avec pour mission de déstabiliser le processus électoral, assistent des candidats : financement, sécurité, visibilité et animations de réseaux sociaux. Certains sont soupçonnés d’appartenir à Wagner, dont le dirigeant n’est autre qu’Evgueni Prigojine, le cuisinier du Kremlin. En échange de ces soutiens, le Kremlin espère récupérer des contrats miniers et demande aux candidats de parler des Iles éparses. Un archipel appartenant à la France mais revendiqué par Madagascar, dans le canal du Mozambique, qui abriterait d’immenses ressources gazières, dans ses sous-sols. Ce sujet permet d'attaquer indirectement la France, de renforcer le sentiment antifrançais dans la société malgache et par extension en Afrique. Parmi les détracteurs, Kémi Séba, français d’origine béninoise, militant panafricaniste avec 1 million d’abonnés sur Facebook et 200k sur You Tube. Personnalité de la complosphère plutôt radicale, il est un vrai relai d’influence russe en Afrique. Le candidat qui a gagné les élections, n’était pas soutenu par la Russie, mais des Russes se seraient depuis rapprochés de lui.
- France, novembre 2018 . La révolte des gilets jaunes est l'occasion d’une nouvelle offensive contre la France, avec la version française de sa chaîne d’Etat Russia Today, RT, lancée quelques mois plus tôt. Ces médias russes sont pensés comme médias d’influence, pour briser le monopole des médias anglosaxons dans l'espace médiatique international. RT a donc pour objectif de répandre massivement la parole des gilets jaunes pour exacerber les tensions existantes et encourager le discours antisystème. Les équipes de RT innovent avec la fonction live de Facebook pour transmettre les images en direct. Téléphone en main, ils offrent une large tribune aux manifestants. RT donne un sentiment de proximité, de vérité, joue sur le contraste avec les médias mainstream qui incarnent la répression du pouvoir. Bien plus que l’audience, l'idée est avant tout de vendre un récit « les démocraties font croire que ce sont des sociétés de sécurité et de paix, alors qu’elles sont en fait des sociétés violentes où les citoyens se font lyncher”. La stratégie fonctionne : hausse des abonnés et du nombre de vues. RT est un média crédible, le pouvoir russe détient désormais une vitrine officielle pour y accueillir une parole et une rhétorique qui profitent à la stratégie de Poutine (cela fait écho à Marion Maréchal Le Pen…).
- Shael, 17 février 2022. La fin de l’opération Barkhane au Mali sonne comme une victoire pour les Russes. Depuis quelques mois entre la France et le Mali les relations géopolitiques sont tendues. Derrière cette colère grandissante : Evgueni Prigojine et son armée de mercenaires Wagner, soupçonnée de commettre exécutions et viols contre les civils. La stratégie de développement russe prévoit de renforcer l’influence informationnelle de la Russie et de promouvoir l’indépendance du pays vis-à-vis de l’Occident. Des Russes créent des pages Facebook avec des contenus quotidiens, de fausses informations contre les Français (accusés de voler de l’or, de fournir motos et nourriture à des terroristes...). L’offre des médias encore faible en Afrique, ce qui laisse toute la latitude aux réseaux sociaux d’informer la population. C'est le terreau des mouvements panafricanistes, comme Kémi Séba, Nathalie Yamb, et Ben le Cerveau. Sur Twitter Dia Diarra, un ancien soldat malien redevenu analyste politique, accuse régulièrement la France d’exactions, mais en vérité, ce compte est un troll russe. Depuis, le compte a été supprimé, mais sur les réseaux sociaux, la fausse info se propage, avec une explosion des commentaires antifrançais. Pour la première fois, la manipulation conjointe de Wagner et de la junte malienne est révélée, mais c'est sans effet sur une part de la population malienne convaincue que la France joue double jeu.
- Ukraine, 1er avril 2022. Un habitant de Boutcha, filme les rues de la ville. En entrant dans la ville, les forces ukrainiennes ont trouvé de nombreux cadavres et des fosses communes. Très vite, face à l’effroi mondial, la réponse du Kremlin tombe sur les comptes officiels Telegram et Twitter des ministères, comme à Marioupol, les Russes réinventent l’histoire et disent notamment que l’armée ukrainienne a bombardé la ville au départ des forces russes. En fait, la Russie a dû créer une explication pour sa propre population, qui croit toujours qu’il s’agit d’une opération de libération. Depuis le 24 février 2022, les Ukrainiens vivent au rythme des défaites et des victoires de l’armée russe, mais aussi des mensonges qui se propagent. Au regard de la profusion de la désinformation russe dans le monde, les autorités internationales sont en retard sur leurs ambitions, mais aussi sur ce que permettent les réseaux sociaux comme chaos informationnel et offensive de propagande.
Réalisateur : Elsa Guiol
Auteur : Elsa Guiol
Producteur : Together et TV Presse, avec la participation de France Télévisions
Année de production : 2022
Publié le 06/01/23
Modifié le 26/01/23
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