L'épuration, des milices patriotiques aux chambres civiques

Les pénuries et les restrictions nourrissent la rancœur et la soif de vengeance. Les « milices patriotiques », des groupes issus de la résistance communiste, n'hésitent pas à franchir la ligne rouge. Des exactions sont commises. 

Les milices patriotiques c'est le peuple en armes

Quand une décision de justice ne leur convient pas, les milices prennent d'assaut les prisons. À Cusset en Auvergne, on sort un délateur de prison pour le faire soigner à l'hôpital. La foule en délire le capture et le lynche. Les images filmées par un cinéaste amateur sont d'une rare violence. Idem à Gap, Montpellier ou Rodez. Plusieurs centaines de collaborateurs sont tués. Des mises à mort barbares qui ne font l'unanimité ni au sein du parti communiste, ni dans la majeure partie des Français. Ils veulent une épuration dans la légalité et déplorent les lenteurs de la justice. 

La notion de crime d'indignité nationale de 1944

Le garde des Sceaux François de Menthon, pris pour cible, doit justifier son bilan : 

Une œuvre judiciaire, sans précédent dans l'histoire de notre pays, aura été accomplie en moins d'une année. Les cours de justice avaient été saisies de 75 000 affaires. Sur ce total,

42 000 étaient réglées. 

Parmi ces affaires, un millier de condamnations à mort ont été prononcées. 

Mais il y a aussi les petits collaborateurs qui encombrent les centres d'internement. Ils n'ont pas trahi mais se sont mal conduits. Pour les punir, le gouvernement général de Gaulle a inventé un nouveau délit : l'indignité nationale. C'est une peine révolutionnaire, une singularité française de l'après-guerre. L'indignité nationale prive les condamnés de leurs droits civiques et peut s'accompagner de la confiscation des biens.

50 000 Françaises et Français sont relégués au rang de sous-citoyens à la suite de leur passage devant les chambres civiques, ces tribunaux spécialement créés pour l'occasion.

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