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Actualité23:58Publié le 22/11/2021

Le doute en science

L'entre deux

Faire une découverte en science, n’est pas de tout repos. Comme l’ont appris Giordano Bruno et Galilée avec les théories de l’héliocentrisme. Gautier Depambour, doctorant d’histoire des sciences à l’université de Paris, spécialisé en physique, lumière et plus spécifiquement en optique quantique, traite de l’objectivité en science. Car à qui faire confiance ? Peut-on croire les scientifiques, tous les scientifiques ? Il explique au youtubeur Cyrus North, le développement des différents courants de pensées, les interactions entre les pairs lors de congrès... Ce qui anime l’esprit scientifique en somme. 

La vulgarisation scientifique : le métier de passeur de science 

Pour apprendre, il faut chercher à comprendre, douter, discuter. Le projet de vulgarisation scientifique de Gautier Depambour s'appuie sur le partage de la science vers le grand public. Au-delà de l’effet de la « blouse blanche », c’est la légitimité et l’autorité de la parole qui sont questionnées. Son métier est d’être passeur de science, c’est un vrai métier, difficile, surtout avec le temps des média qui semble d’autant plus court au vu de la complexité des notions abordées. Un passeur de science doit rester fidèle à la réalité, avoir un discours simple mais pas simpliste.  

Deux sortes de doutes : la méfiance et la défiance

Un esprit critique, peut douter de tout, mais ne pas tout remettre en cause, sinon il n’avance pas. 

  • Méfiance, doute sans préjugés, humilité, tourné vers la connaissance. C’est le principe du doute scientifique, systématique et neutre. 
  • Défiance, rejet face à l’idée, immédiat, moins conscient, sans discussion ouverte. C’est le principe du doute politique. Gaston Bachelard, philosophe et physicien, prône une psychanalyse de la connaissance objective, il invite à l’introspection pour questionner son propre doute, s’interroger. 

La question de la confiance 

Lors de la pandémie : les antivax, dont certains dans le corps médical, ont alimenté le doute. Or nous avons besoin de certitudes scientifiques pour avancer. Le doute doit s’effacer pour permettre d’intégrer des choses au savoir. D’après Etienne Klein, c’est la différence entre science et recherche : science est-ce qui est admis, la recherche est le doute scientifique chercher des réponses. Parallèlement, Imre Lakatos, philosophe des sciences définit ainsi un programme de recherche : un noyau dur et vrai constitué de connaissances, sur lequel on peut s’appuyer, protégé par une ceinture de hypothèses auxiliaires, elle-même constellée d’une galaxie de propositions de recherches scientifiques. Parfois il faut s’aventurer pour oser l’expérience. Au XVIIIe siècle, Madame Montagu, ambassadrice anglaise en Turquie a ainsi décidé de procéder à l’inoculation de la variole sur ses proches, pour aller vers une immunité à long terme, pourtant, sans connaître le résultat de la méthode. 

L’objectivité des mathématiques en renfort de la science 

Pour obtenir des statistiques, des résultats objectifs, les philosophes des Lumières intègrent les mathématiques à la médecine, comme les probabilités, pour inciter les personnes à se faire ou non inoculer le virus. Mais dans certains cas, comme le souligne Jean Le Rond d’Alembert, philosophe et mathématicien, ce sont des personnes humaines, avec des doutes, des réactions, des sentiments. Ce qui est exact sur le plan des mathématiques, ne l’est pas forcément sur le plan de la morale, où tout devient une question de responsabilité, d’intérêt personnel et d’intérêt collectif. 

La question des Platistes, l’énergie du doute et des complots 

Parce que pour eux, la terre est plate, ils développent des débats et des preuves expérimentales qui confirment leur vérité. La meilleure façon de combattre cette position, est de revenir à l’histoire. Cette idée remonte à Aristote et repose sur un mauvais doute, un besoin de déconstruction de toute l’histoire scientifique. Pourtant, ce doute de l’ordre de la défiance, est appliqué avec une démarche scientifique, y compris pour post-rationnaliser un échec. C’est ce qui peut perturber. Ainsi, les photos de la NASA sont déclarées fausses et les arguments scientifiques, expliquent pourquoi ça n’a jamais eu lieu, ou que l'expérience n'est pas un succès.

La frontière entre la science et la non science 

Pour le philosophe des sciences Karl Popper, une expérience doit être falsifiable, c’est à dire qu'on peut la reproduire aussi souvent qu'on le souhaite. Des débats et des querelles amènent à des tests entre scientifiques, la progression de la science, est un long processus de conjectures et réfutations. Certains domaines scientifiques, restent difficiles à appréhender, tels les esprits, la dimension spirituelle. Largement débattus par de nombreux philosophes, ils ressortent de l’ordre de  la différence entre la science et de la non science. La différence entre une science et non science, est que la non science ne peut pas être testée. Chacun peut avoir une part de non science, mais il est important de savoir faire la part des choses entre religion et science. Ainsi,  Georges Lemaître, astrophysicien, prêtre et scientifique, faisait la séparation entre la science, les croyances et la religion. Il faut accepter de ne pas obtenir de réponse : à la question de Liebnitz « Pourquoi y’-t-il quelque chose plutôt que rien ? », il ne faut pas en demander trop à la science. 

Les questions sur le doute

  • Comment être certain de l’objectivité d’une étude ? Si on est spécialiste, on peut comprendre l’étude, vérifier la méthodologie appliquée. Mais si on n'est pas expert, il faut se demander : qui a produit l’étude ? Est-ce une source fiable ? Qui fait la publication ? Parfois, la relecture est effectuée par des pairs. Tout dépend du degré de confiance accordé, selon les revues et médias. 
  • Comment prendre en compte les chiffres d’une étude, quand ils sont contradictoires ? Là encore, il est nécessaire de se pencher sur la méthode, le protocole, le processus, pour avoir la pertinence d’un chiffre. Tout en gardant à l'esprit que l’objectivité des chiffres, n’est pas toujours de l’ordre de la science. 

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2021

Publié le 22/11/21

Modifié le 26/01/23

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