Les différentes migrations de Sapiens

Aujourd’hui, la totalité de la planète est occupée par Homo sapiens, notre espèce. Sous toutes les latitudes, par tous les climats et dans tous les environnements, même les plus difficiles, les humains se sont installés. Mais quel a été son chemin ? Dans cet extrait de Migrations, une odyssée humaine, on t'explique tout.

Que savons-nous des migrations de Sapiens ?

L’histoire du peuplement de la planète par notre espèce débute à la préhistoire. Les êtres humains sont alors nomades, ils se déplacent. Sur plusieurs centaines de milliers d’années, le passage des groupes humains a laissé des traces matérielles, archéologiques et génétiques. Ce sont des outils, des ossements, des empreintes, des artefacts culturels que des fouilles permettent aujourd’hui de révéler et parfois de dater. Ce sont aussi des traces ADN laissées par les migrations de nos ancêtres dans les ossements et même dans notre génome. C’est avec ces traces que les préhistoriens tentent de construire le récit possible des migrations de Sapiens. Grâce à la génétique, nous savons désormais que tous les humains partagent une même origine et que leurs ancêtres communs sont partis d’Afrique. Les plus anciens ossements d’Homo sapiens remontent à 300 000 ans et ont été retrouvés à Jebel Irhoud, au Maroc.

Quel est le parcours de Sapiens depuis l'Afrique ?

L’histoire du peuplement de l’Afrique à cette époque demeure mal connue. Mais il est certain que des groupes d’humains ont migré à travers ce gigantesque continent pendant des dizaines de milliers d’années. Plusieurs foyers attestent de leur présence. En Éthiopie par exemple ou en Afrique du Sud, il y a plus de 200 000 ans. Quant aux autres continents, plusieurs hypothèses se dessinent. Les traces archéologiques permettent de dater les premières migrations de Sapiens hors d’Afrique vers -200 000 ans. Les traces génétiques témoignent de sorties plus récentes, il y a 75 000 ans. Ces dates ne se contredisent pas. Les scientifiques déclinent désormais l’événement au pluriel et parlent des sorties d’Afrique, aux trajets multiples et incertains. Une seule d’entre elles a laissé des descendants jusqu’à notre époque.

Que révèlent les traces laissées par Sapiens ?

Les fouilles archéologiques révèlent une dispersion d’Homo sapiens jusqu’à la porte du Proche-Orient puisqu’il est allé vers l’Asie dans un premier temps, atteignant l’Australie puis l’Europe et peut-être à nouveau vers l’est. Enfin, Sapiens atteint l’Amérique. Les dates des migrations ne sont que des hypothèses car elles indiquent seulement l’âge des plus anciennes traces archéologique connues. Beaucoup de traces ont probablement disparu ou restent encore à découvrir. Parfois, il suffit d’une découverte pour que tout le récit bascule. On a longtemps cru que Sapiens était arrivé en Amérique il y a 12 à 14 000 ans. Mais l’étude de certains sites comme celui de White Sands, au Nouveau-Mexique semble montrer une présence humaine remontant à plus de 20 000 ans. On a parfois l’image d’un groupe d’explorateurs courageux qui traversent des continents entiers. En réalité, les migrations historiques ont été des processus longs, étalés sur des dizaines de milliers d’années et sur plusieurs générations.

Pourquoi Sapiens s'est-il déplacé ?

Les raisons pour se déplacer sont multiples : poursuivre le gibier, contraintes environnementales, climatiques, parce qu’une société grossit et se scinde en plusieurs groupes et par curiosité. L’expansion géographique de notre espèce n’a pas été linéaire et pas toujours consciente. Il s’agit plutôt d’une dispersion avec des fluctuations, des arrêts, des accélérations et des allers-retours. Homo sapiens évolue alors dans un monde en mouvement, peuplé d’espèces animales et végétales et d’autres espèces humaines. Au cours de ses migrations, Sapiens rencontre d’autres hominidés comme Néandertal présent en Europe depuis 400 000 ans ou Denisova dont la présence a été confirmée en 2008 grâce à la mini phalange d’un homme dénisovien mort il y a 50 000 ans. Ces différentes espèces humaines échangent et se mélangent culturellement et génétiquement. Mais à l’issue de ces rencontres, seul Sapiens continue de peupler la planète.

Quels sont les moments clés des migrations de Sapiens ?

Pour reconstituer l’histoire du peuplement humain, les lieux de passage, les zones difficiles ou les mers à traverser intéressent particulièrement les archéologues. La traversée du détroit de Béring ou l’arrivée en Australie sont des moments clés de l’histoire migratoire. Pour cause, la géographie préhistorique n’est pas celle que nous connaissons aujourd’hui. Ces passages alors apparemment inaccessibles soulèvent de nombreuses interrogations. Nos ancêtres ont-ils dû franchir des bras de mer ? Si oui, comment ? Ont-ils dérivé ou construit des embarcations ? Ainsi, les traces archéologiques et génétiques le montrent, la migration de l’espèce humaine ou des espèces humaines ne commence ni ne s’arrête à la sortie d’Afrique. L’être humain n’a eu de cesse de se déplacer, d’explorer, de changer de lieu d’habitation, il y a 300 000 ans déjà comme il y a 500 ans et aujourd’hui encore.