Les tondues de la Libération

L'été 1944 marque également le réveil de la France virile. Humiliés par leur défaite en 1940, les hommes prennent leur revanche. Dès le début de l'Occupation, les femmes se promenant au bras de soldats allemands sont montrées du doigt et menacées. 

L'exemple du village de la Mure

En 1941, un tract de la Résistance annonce les vengeances à venir :

Vous serez tondues femelles dites françaises qui donnez votre corps à l'Allemand.

En août 1944, les maquisards de la région du village de La Mure arrêtent plusieurs femmes qu'ils traînent devant la mairie. L'une d'elles, Madeleine, femme de chambre à Aix-les-Bains, a 23 ans à l'époque. Elle

témoigne : 

La maréchaussée nous a accompagnées jusqu'en haut, comme si on allait à l'échafaud. Il y avait tout le village, c'était l'attraction. Ils nous ont mises sur une chaise et avec la tondeuse... et les cheveux, ils les ont mis dans un papier pour me les jeter à la figure... Mon père était venu me voir... Il m'a dit : « Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? ». Il a pleuré, mais pleuré. Je lui disais : « Ne pleure pas papa, ça va repousser ».

Dans toute la France, les mêmes scènes de violence et d'humiliation

Dès l'occupant chassé, partout les mêmes scènes se déroulent. Couper la chevelure des femmes, c'est mutiler leur féminité, les déshumaniser. Parfois, des croix gammées sont dessinées ou tatouées sur leur visage. La foule participe, encourage les FFI qui encadrent cette épuration. Certaines se font cracher dessus. 

20 000 femmes vont être tondues et martyrisées. Un chiffre énorme. Certaines images font le tour du monde. La moitié de ces femmes étaient simplement amoureuses. Les autres étaient accusées de collaboration ou de dénonciation.

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