Beethoven, précurseur du romantisme

Pom, pom, pom, pom ! 4 notes toutes simples, pour le thème le plus célèbre de toute l'histoire de la musique ! C’est le début de La 5^e Symphonie de Ludwig van Beethoven, le premier compositeur qui s’adresse à toute l’humanité… alors qu’il est complètement sourd... 

Le vent de liberté de 1789

Beethoven a mis toute sa sensibilité, toutes ses convictions, au service de la musique… et il est devenu un mythe de son vivant !

Pour comprendre l’homme et son temps, il faut d’abord se rappeler qu’à la fin du XVIII^e siècle, l’Europe est bouleversée par un événement historique : le 14 juillet 1789, les Parisiens prennent d’assaut la Bastille, prison symbole de l’oppression. C’est le début de la Révolution française contre le pouvoir absolu du roi Louis XVI. Et l’idéal révolutionnaire s’étend dans les pays voisins. Cette année-là, Beethoven a 19 ans. Il partage l’aspiration des peuples à la liberté.

Beethoven à l'ombre de Mozart

Beethoven naît en 1770, à Bonn en Allemagne, dans une famille de musiciens. C'est un enfant surdoué, comme son compatriote Mozart, grand compositeur de la période classique, le modèle à suivre. Mozart a 14 ans de plus que lui.

• à 8 ans, il joue du piano en virtuose et commence à se produire en public. Mais son père, peu aimant, autoritaire, alcoolique, échoue à lancer la carrière de son fils. Beethoven continue à s’entraîner et un jour, il rencontre son héros !
• à 17 ans, il est invité à jouer du piano chez Mozart. Il a le trac, commet des maladresses, alors il improvise... Et soudain Mozart déclare : « Faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde ».
• à 22 ans, Beethoven s’installe à Vienne, grande ville impériale. Là pendant un peu plus d’un an, il étudie auprès d’un autre compositeur très admiré en son temps, Joseph Haydn, qui lui écrit : « Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues. » En même temps, Beethoven entame une carrière de pianiste, avec succès… quand le drame survient !
• Il devient sourd progressivement. A 26 ans, il renonce à jouer en public, s’isole, n’aura jamais d’épouse, ni d’enfant. D’où sa réputation d’homme peu sociable. En réalité, Beethoven souffre de la solitude. Il le confiera dans une lettre à ses frères, trouvée le jour de sa mort, et devenue célèbre sous le nom de Testament d’Heiligenstadt. Beethoven avoue avoir souhaité mourir, mais il écrit : « Il me semblait impossible de quitter ce monde avant d'avoir accompli ce à quoi je me sentais disposé ». Pour accomplir son destin, Beethoven doit composer.

Beethoven, précurseur du romantisme, voit tout en grand

Beethoven compose d’abord avec un cornet acoustique, et quand la surdité deviendra totale, avec un bâton accolé au piano pour le sentir vibrer. Il a créé des œuvres qu’il n’a jamais entendues... Des œuvres acclamées dans toute l’Europe ! Sa 5^e symphonie par exemple, qu’il achève à 38 ans, est aussitôt reconnue comme un chef-d’œuvre.

Beethoven infléchit le cours de l’histoire musicale. A une époque où les musiciens gagnent encore souvent leur vie en travaillant pour la noblesse ou l’église, Beethoven lui refuse d’être employé comme domestique. Il se proclame artiste, comme les peintres ou les écrivains. Pas de patron ! Il vit des recettes de ses concerts et des dons de ses mécènes, des gens fortunés qui lui donnent de l’argent sans contrepartie, pour qu’il puisse créer en toute liberté !

Et comme tous les artistes, Beethoven fait de son art un moyen d’expression personnelle. Sa musique transmet ses émotions, sa vision du monde. Il s’adresse à l’humanité toute entière, et à la postérité ! Il est le premier à archiver ses partitions dans un répertoire pour que ses œuvres - près de 400 - soient jouées dans les siècles à venir. 

D’autant plus que pour imposer son message, Beethoven renforce l’effectif de l’orchestre. Il passe de 60 à 90 musiciens, environ. Et certaines de ses œuvres sont monumentales. Sa 9^e symphonie par exemple est trois fois plus longue qu’une symphonie traditionnelle, et dure plus d’une heure et demie.

Après lui, plus rien ne sera pareil. Quand il meurt en 1827 à Vienne, la musique sort de la période classique pour entrer dans la période romantique, qui se prolongera tout au long du XIX^e siècle.

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