Israël-Iran : de l'entente à la haine

Si l'Iran et Israël n'ont jamais entretenu de relations officielles, les 2 pays ont développé des partenariats dans de nombreux domaines, comme l'énergie ou la recherche civile et militaire. Depuis les années 1990, leur rivalité est croissante. On t'explique pourquoi.

Iran-Israël : des relations de coopération

À la création de l’État d’Israël en 1948, les relations avec l’Iran sont bonnes. L’Iran, qui avait voté contre la création d’Israël à l’ONU, est finalement le 2^e pays musulman, après la Turquie, à le reconnaître de facto en 1950. Pour 2 raisons :

1. Son dirigeant, le chah d’Iran, a de très bonnes relations avec les États-Unis.
2. L’Iran s’entend assez mal avec les grands pays nationalistes arabes. Comme notamment l’Égypte et la Syrie, qui ont juré de détruire l’État hébreu.

Pendant près de 30 ans, Israël et Iran coopèrent dans le domaine de la sécurité et de l’armement. Téhéran fournit du pétrole à Israël, qui apporte une expertise agricole et médicale à son partenaire. Les échanges culturels et sportifs se multiplient.

La révolution iranienne

En 1979, c’est la révolution en Iran : le chah est renversé. L’ayatollah Khomeyni instaure une théocratie et désigne deux ennemis : le « grand Satan », les États-Unis, anciens alliés du chah ; et le « petit Satan », Israël. Toutes les relations sont stoppées. Dans les années 1980, Israël continue paradoxalement de fournir des armes à l’Iran, engagé dans une guerre meurtrière contre l’Irak.

Les attaques iraniennes

Cela n’empêche pas l’Iran de vouloir libérer la Palestine et de soutenir les groupes armés engagés dans la lutte contre Israël. Deux sont particulièrement offensifs : le Hamas, qui opère à Gaza ; et le Hezbollah, incontournable sur le plan militaire et politique au Liban. Ils bénéficient d’une aide financière, de livraisons d’armes et d’instructeurs pour leurs combattants. Ce qui leur permet de multiplier les attaques contre Israël.

Les attaques israéliennes

De son côté, Israël attaque des éléments stratégiques iraniens, plus ou moins discrètement :

• En 2010, l’armée israélienne, en collaboration avec les États-Unis, parvient à implanter le virus informatique Stuxnet dans les centrifugeuses d’enrichissement d’uranium. Ce qui ralentit significativement le programme nucléaire iranien. 
• Depuis 2013, Israël intervient dans la guerre civile en Syrie pour attaquer, avec des avions et des missiles, des dépôts d’armes, des officiers et des membres des gardiens de la révolution, soutiens du président syrien Bachar al-Assad.

L'escalade des tensions

Le 1^er avril 2024, l’une de ces attaques vise le consulat iranien à Damas. 16 personnes, dont 2 généraux, sont tués. Téhéran déclenche en représailles un bombardement massif sur Israël deux semaines plus tard, avec des centaines de missiles et de drones. C’est la 1^re fois que l’Iran attaque directement Israël, autrement que par l’intermédiaire de groupes armés. 

Ces affrontements pourraient un jour prendre une nouvelle dimension, vitale. Israël est doté de l’arme nucléaire, qu’il a développé notamment avec l’aide de la France. L’Iran, malgré les pressions internationales pour l’en dissuader, continue de développer son propre programme nucléaire militaire. Téhéran pourrait parvenir à cet objectif d’ici quelques années, exposant la région à une nouvelle forme d’escalade.