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L'histoire des migrations
Migrations en questionsL'histoire des migrations est aussi ancienne que l’histoire de l’humanité. C'est un phénomène continu et permanent, qui présente toutefois des caractéristiques différentes en fonction des époques et des continents.
De l’Antiquité à la fin de l’époque moderne
Les déplacements sont progressifs et liés à des migrations économiques, aux invasions guerrières et aux dynamiques de peuplement.
Durant tout le Moyen Âge, l’Asie des steppes est le grand réservoir des migrations vers l’Europe occidentale, le Proche-Orient, l’Inde et la Chine. Les armées islamiques, parties de la péninsule arabique vers 630, migrent et conquièrent en un siècle tout le sud du bassin méditerranéen, Maghreb, péninsule ibérique et une bonne partie du Moyen-Orient.
A partir de la Renaissance, l’Europe ne connaît plus de grandes invasions, en dehors de la poussée ottomane . Cependant différents types de migration peuvent être observés à l’intérieur du continent européen. Des migrations saisonnières (comme des travailleurs à la recherche de moyens de subsistance ou des pèlerins), ou définitives (des colons vers les terres vierges de l’est européen, ou vers les terres nouvellement défrichées) se maintiennent. Des politiques répressives provoquent des migrations forcées : expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, ou celle des protestants français après la révocation de l’édit de Nantes en 1685. L’Afrique connaît également des dynamiques migratoires internes : l’expansion bantoue ou celle engendrée par une traite arabo-musulmane qui s’étend du VIIe au XXe siècle et concerne plus de 17 millions d’Africains.
A l’époque moderne, les grands voyages de découverte, comme celui de Christophe Colomb en 1492, ouvre l’ère des migrations transocéaniques et génère un flux de migrations volontaires de colons européens vers l’Amérique. Mais le développement colonial de l’Europe engendre surtout la déportation de 12 à 15 millions de captifs africains à destination des colonies européennes du XVIe au XIXe siècle.
Au XIXe siècle
Le XIXe siècle marque un tournant dans l’histoire des migrations.
Le développement de l’industrialisation en Europe génère un important exode rural et accélère les migrations intra-européennes. Le passage de la navigation à voile à la navigation à vapeur permet le déplacement volontaire massif de migrants vers des contrées très éloignées. Le fort accroissement de la population sur le continent européen, la pauvreté dans les régions de départ (la Grande Famine en Irlande de 1845 à 1849) et la demande de main-d’œuvre dans des régions d’immigration peu peuplées et ouvertes par la colonisation, comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, l’Argentine et le Brésil, vont conduire près de 50 millions de personnes à quitter l’Europe entre 1821 et 1932. Seule la France demeure une terre d’immigration. Les Etats-Unis, première destination des migrants européens, prennent dès la fin du XIXe des mesures pour limiter l’immigration et mettre en place un accueil plus sélectif des migrants. Ils connaissent cependant de forts déplacements internes de population, soit pour la conquête de l’Ouest, soit en direction des états du nord et vers la ceinture du Soleil.
Parallèlement, plusieurs millions de travailleurs migrent à travers le monde, pour répondre aux besoins de main-d’œuvre des sociétés coloniales après l’abolition de la traite et de l’esclavage. Ainsi des Javanais, des Japonais, des Tonkinois, des Africains, des Malgaches mais surtout des Chinois et des Indiens, munis d’un contrat d’engagement, quittent leur sol natal pour venir travailler dans les colonies d’Amérique et de l’océan Indien, mais également dans les territoires nouvellement conquis par les puissances impériales en Afrique, en Asie et dans le Pacifique.
A la fin du XIXe les persécutions des minorités religieuses, ethniques ou linguistiques provoquent le départ forcé de nombreux migrants, comme les Juifs de l’empire russe, après les pogroms des années 1880-1890.
Au XXe siècle
Les deux grandes guerres mondiales du XXe siècle ont des effets migratoires. L’effondrement des grands empires multinationaux après la Grande Guerre a provoqué un flux migratoire à destination de l’Europe occidentale.
Dans l’entre-deux-guerres, les migrations des Juifs vivant en Allemagne, dans les pays sous domination nazie, ou celles des républicains espagnols après la victoire du général Franco, provoquent une émigration importante et rapide.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, un très grand mouvement migratoire de retour concerne plus de 10 millions d’Allemands expulsés des anciens territoires allemands d’Europe centrale passés sous souveraineté polonaise ou soviétique. Les ravages de la Seconde Guerre mondiale créent un énorme besoin de main-d’œuvre pour la reconstruction et la relance de l’économie, particulièrement dans le nord-ouest de l’Europe. La période qui s’étend de 1945 à 1974, appelée Trente Glorieuses, est caractérisée par une croissance économique exceptionnelle en Europe occidentale qui attire des millions de travailleurs issus du bassin méditerranéen (Espagne, Portugal, Italie du sud et Yougoslavie). Avec les décolonisations successives de la seconde moitié du XXe siècle, un grand nombre de migrants partent s’installer dans l’ancienne puissance coloniale. C’est le cas des travailleurs originaires du Maghreb en direction de la France, à la suite des indépendances marocaine, tunisienne et algérienne, mais aussi celui des Indo-pakistanais vers le Royaume-Uni. Toutes ces migrations économiques ralentissent à la fin des années 60 pour s’arrêter avec le choc pétrolier de 1973. Les indépendances génèrent aussi de nouveaux courants d’émigration à caractère politique et le retour des Européens vers les métropoles.
La division du monde en deux camps pendant la guerre froide a inévitablement des répercussions sur les flux migratoires. Les persécutions politiques à l’Est entraînent l’exil de nombreux Européens vers les pays occidentaux. Les guerres dans le sud-est asiatique conduisent également des millions de Vietnamiens à l’exil. De nombreux boat-people trouvent refuge en Europe occidentale.
La fin des années 70 est marquée par une crise économique. Les pays d’Europe occidentale, sous la pression des nouveaux partis populistes hostiles aux immigrés, se mettent à lutter contre l’immigration clandestine. Alors que le traité européen de Maastricht en 1992 renforce la possibilité pour chaque citoyen de l’Union européenne de s’installer librement dans un autre état membre et que les accords de Schengen organisent la liberté de circulation, les pays de l’Union européenne s’attachent à renforcer les contrôles aux frontières extérieures.
A la fin du XXe siècle, l’Amérique centrale, l’Afrique et le Moyen-Orient connaissent une forte instabilité politique et des guerres chroniques. Un fort déséquilibre entre développement démographique et sous-développement économique provoque d’importants départs en direction des pays occidentaux. La guerre de l’ex-Yougoslavie est à l’origine de l’arrivée en France de nombreux demandeurs d’asile.
Durant cette période, les mouvements migratoires entre les pays voisins du sud et notamment en Afrique sont tout aussi élevés. La proportion d’étrangers est, par exemple, considérable aux Emirats arabes unis : 78%. L’Afrique du Sud attire de très nombreux immigrés, venus de régions beaucoup moins aisées du continent, comme le Mozambique ou le Zimbabwe.
Le XXIe siècle
Au début du XXIe siècle, les migrations européennes vers les Etats-Unis sont remplacées par celles en provenance d’Amérique latine notamment du Mexique. Ces migrations clandestines conduisent à des politiques répressives et à une fermeture des frontières. Enfin, les bouleversements politiques dans le voisinage européen, et notamment dans le pourtour méditerranéen, ouvrent une nouvelle période marquée par d’importants flux de réfugiés. A partir de 2010, les conflits, qui surgissent en Syrie et en Libye, provoquent un nouvel afflux de réfugiés en Europe, dans des proportions inédites depuis la première moitié du XXe siècle. Parallèlement, des migrants quittent les villes côtières d’Asie, exposées à l’élévation du niveau des océans, avec pour conséquence la naissance de nouvelles migrations climatiques.
Réalisateur : mStream
Producteur : Res Publica; European Migration Law
Année de production : 2019
Publié le 10/03/21
Modifié le 28/12/22