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La laïcité, caricature et blasphème
Les clés de la laïcitéÊtre libre de croire ou de ne pas croire, c’est poser la question du blasphème qui est pour un croyant le fait de manquer de respect aux dogmes religieux. Le délit de blasphème n’existe plus en France depuis la révolution, principe réaffirmé par la loi de 1881 sur la liberté de la presse. La caricature, différente du blasphème, déforme la réalité pour faire rire et réfléchir sur les abus de pouvoir, qu’ils soient politiques, économiques ou religieux. La loi protège donc la liberté de la presse et les caricatures. Mais attention, tout n’est pas autorisé : les citoyens ne peuvent être injuriés ou diffamés en tant que croyants, seules les idées peuvent être contestées.
Retour sur des distinctions fondamentales
Être libre de croire ou de ne pas croire, cela pose aussi la question du blasphème qui est pour un croyant le fait de manquer de respect aux dogmes religieux. Le délit de blasphème n’existe plus en France puisque la République est neutre, et que les règles religieuses ne la regardent pas. L’idée de supprimer le délit de blasphème vient des philosophes des Lumières que sont Rousseau, Diderot et Voltaire.
Une histoire en particulier avait marqué les révolutionnaires, l’histoire du chevalier de La Barre : il s’agit d’un jeune homme qui avait eu l’audace de chanter des chansons se moquant des religieux, et de garder son chapeau au passage d’une procession. Il fut condamné à avoir la langue tranchée, puis à être décapité, puis brûlé, on n’est jamais trop prudent. A cette époque, l’Eglise catholique au pouvoir défendait une vision très rigoriste. Voltaire qui a défendu avec acharnement le chevalier de La Barre estimait que les hommes et les femmes devaient avoir le droit de croire ou de ne pas croire et la liberté de l’exprimer. Comme tous les philosophes des Lumières, ils faisaient une distinction entre croyance et connaissance et renvoyaient la croyance à la sphère personnelle pour que chacun soit libre de trouver sa place en société.
En 1881 sous la IIIe République, on vote la grande loi sur la liberté de la presse.
Les caricaturistes de l’époque s’en donnent à cœur joie. 25 ans avant la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, on aborde à l’assemblée la question du blasphème. Les débats sont très violents, parce qu’à l’époque il y a de nombreux députés affiliés à ce que l’on appelait le parti catholique. A l’évêque d’Angers qui veut interdire le blasphème et qui invoque la blessure des catholiques outragés, Georges Clémenceau répond : « Dieu se défendra lui-même, il n’a pas besoin pour cela de la chambre des députés. Depuis cette grande loi, et même avant, il y a une tradition française de la satire et de la caricature.
Qu’est-ce qu’une caricature ?
C’est déformer et exagérer la réalité dans un dessin ou un texte pour faire rire ou réfléchir. Une caricature n’est pas une insulte, même si elle n’est pas toujours drôle, c’est une tentative de mettre en lumière les excès d’un pouvoir, qu’il soit religieux, politique, ou financier, pour rappeler à ceux qui en abusent que leur pouvoir ne peut être absolu. Hara-Kiri, Charlie Hebdo, ou le Canard Enchaîné sont des descendants des caricaturistes du XIXe siècle et du chevalier de La Barre.
Pendant des années, ces journaux se sont moqués des évêques et du pape qui refusaient toutes les évolutions en matière de meurs, mixité, divorce, contraception, avortement. Pour faire avancer les débats, ces journalistes et dessinateurs utilisent l’humour. Depuis toujours, ils l’appliquent aux idées politiques, sociétales ou religieuses, et ils n’ont pas hésité à l’utiliser quand une partie de l’Islam s’est raidie, et a remis en cause parfois violemment les libertés fondamentales.
Au-delà du blasphème pour les croyants, les caricatures, qu’on les trouve drôles ou pas, nourrissent le débat d’idées.
Pour faire simple, le blasphème n’est pas un droit, mais on ne peut pas être puni par la loi pour ça. Ce sont des affaires de croyants, pas les affaires de l’Etat.
Ce qui est interdit, et que la loi sanctionne, ce sont les injures, ou la diffamation de personnes ou de groupes, ou les appels à la haine. La justice défend les citoyens, mais elle n’est pas là pour défendre ou faire respecter les idées religieuses. Toutes les idées peuvent être débattues, contestées, voire même moquées.
La laïcité est un outil qui comme tous les outils subit les influences de l’environnement politique, social et culturel, elle ne corrige pas les injustices et ne peut refaire l’histoire, mais doit garantir à tous les citoyens avec leurs croyances et leurs connaissances de pouvoir être libres, égaux, et fraternels.
👉 Continue ce dossier sur la laïcité.
Réalisateur : Olivier Marquézy
Auteur : Thomas Legrand
Producteur : La Générale de Production
Année de production : 2021
Année de diffusion : 2021
Publié le 11/10/21
Modifié le 30/01/24
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