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SES29:59Publié le 03/08/2020

Marchés et prix

Les cours Lumni - Lycée

Comprendre le rôle des prix dans le fonctionnement des marchés, c'est l'objectif du cours de Hélène et Sarah, professeures de sciences économiques et sociales.

Introduction : le marché en situation de concurrence parfaite

Le marché en situation de concurrence parfaite est un modèle qu’on représente avec deux courbes qui se croisent : l’une, croissante est l’offre, l’autre, décroissante, est la demande.  Quand on parle de « modèle », il ne s’agit pas d’un idéal mais d’une simplification de la réalité du marché. On essaie de saisir les traits les plus saillants et on tente de les décrire et de les expliquer.

 

Le modèle en concurrence parfaite permet de :

  • Comprendre certains mécanismes
  • Constituer un cadre de référence pour analyser la réalité

Ce modèle repose sur :

  • L’hypothèse de rationalité (les agents cherchent à maximiser leur satisfaction)
  • L’hypothèse d’un grand nombre d’agents (offreurs et demandeurs)
  • L’hypothèse de circulation parfaite et sans obstacles de l’information

1. Les prix, un signal essentiel sur un marché concurrentiel

L’importance du prix dans la stratégie des producteurs.

Les prix jouent un rôle essentiel pour expliquer la forme croissante de la courbe d’offres. En effet, le producteur cherche à faire le profit le plus important possible. Quand un produit coûte moins cher à produire qu’il ne rapporte, alors le producteur continue de produite car cela lui permet d’augmenter son profit. Il devient donc rentable de produire davantage.

→ Plus le prix augmente, plus les quantités produites par le producteur augmentent, plus l’offre augmente.

Le prix et l’utilité dans la décision du consommateur

Exemple : un article acheté, le deuxième à moitié prix.

Derrière cette stratégie du vendeur, on trouve deux lois essentielles du comportement du consommateur. La première est l’utilité marginale décroissante : lorsqu’on consomme des unités supplémentaires d’un même bien, la satisfaction que l’on retire de la dernière unité consommée est plus faible que celle des unités précédentes. Donc, une deuxième ou une troisième unité achetée devra coûter moins cher que la première ou la deuxième unité achetée.

→ La courbe d’offre et la courbe de demandeurs sont décroissantes en fonction du prix. Les offreurs et les demandeurs vont se rencontrer sur le marché. Cette rencontre va définir ce que l’on appelle la situation d’équilibre.

 

La situation d’équilibre se caractérise par un prix d’équilibre et par des quantités d’équilibre. Pour les concepteurs du modèle, cette situation d’équilibre est optimale : aucun offreur ne veut offrir davantage et aucun demandeur ne veut demander davantage. Ce prix d’équilibre, déterminé par la rencontre de l’offre et de la demande, s’impose donc à tous sur le marché. Si un producteur augmente le prix de son produit, il serait balayé par la concurrence et ne trouverait aucun client pour écouler ses produits.

2. Les stratégies des entreprises pour peser sur les prix

En situation de concurrence, aucun producteur et demandeur n’a de pouvoir de marché. Cette situation est une contrainte pour les producteurs. Certains essaient alors de mettre en œuvre des stratégies qui leur permettent d’influencer le marché. Parmi elles :

Devenir faiseur de prix grâce aux barrières à l’entrée de nouveaux concurrents :

Une des barrières classiques est celle qui repose sur les innovations. Un producteur qui innove dépose un brevet. Ce droit de propriété donne à un innovateur la possibilité exclusive de faire usage de son innovation. L’innovation permet donc aux entreprises de se protéger de la concurrence (monopole temporaire), d’augmenter les prix et ainsi d’augmenter les profits.

Devenir faiseur de prix grâce aux ententes :

Il arrive que des producteurs s’entendent sur les prix. Cela est possible sur des marchés où le nombre d’offreurs est relativement restreint. On parle alors de situation oligopole. Il n’y a  alors plus de concurrence. Les prix sont élevés et les profits sont ainsi plus importants. Cette entente se fait au détriment du consommateur. On est dans une situation sous-optimale par rapport au modèle.

Conséquences :

  • Les quantités échangées diminuent.
  • Le gain réalisé par les offreurs s’accroit au détriment du gain des demandeurs.
  • Le surplus réalisé est plus faible en raison de la diminution des quantités échangées.

→ Les niveaux des prix sont une variable cruciale pour :

  • les entreprises car ils déterminent le niveau des profits.
  • les consommateurs car ils ont un impact sur leur pouvoir d’achat.

3. En l’absence de prix, un marché sans boussole

Plus largement, les prix sont un signal essentiel dans l’économie car ils indiquent ce qu’il faut produire et en quelle quantité. En l’absence de prix, le marché est donc sans boussole. On entre dans une situation de défaillance du marché : le marché est incapable de garantir une utilisation optimale des ressources disponibles. Cela pose des problèmes importants.

 

Exemple : pendant des décennies aux Antilles, les producteurs de bananes ont utilisé un insecticide très puissant, le chlordécone, pour protéger les bananes et maintenir les profits. Mais, cet insecticide a pollué les sols. Conséquence : une réduction des zones de pêche et des surfaces cultivées ainsi qu’une hausse des cancers. Ici, les profits des uns se sont accompagnés de coûts pour les autres sans que ces derniers n’aient été indemnisés.

 

On se retrouve alors dans une situation d’externalité négative : si les prix avaient reflété les dégâts présents et futurs, le prix des bananes auraient flambé. La production et les profits auraient baissé. Quand certains producteurs utilisent surexploitent le bien commun, ils privent les autres de certaines ressources. Donc, l’absence de signaux prix est défavorable au fonctionnement de l’économie. Le signal prix permet d’orienter le comportement tant des consommateurs que des producteurs.

4. L’imperfection de l’information brouille le signal prix

Parfois, le prix ne donne pas les informations suffisantes pour orienter le comportement des consommateurs. On se retrouve alors dans des situations d’asymétrie d’information qui remettent en cause l’hypothèse d’information parfaite.

 

Exemple : le marché des voitures d’occasion.

L’acheteur ne dispose pas assez d’informations sur l’entretien de la voiture. Il ne peut donc pas savoir si le prix reflète le bon état du véhicule. Dans le doute, il n’accepte pas de payer la voiture au prix moyen. Conséquence : les propriétaires de voiture de bonne qualité se retirent du marché. Il ne reste alors sur le marché que des véhicules de qualité moindre. On appelle cela la « sélection adverse » : le mauvais produit chasse le bon.

 

→ L’asymétrie d’information perturbe le fonctionnement du marché car les quantités échangées diminuent. Dans certains produits, cela peut amener à la disparition même du marché.

 

Les hypothèses du modèle de départ ne sont pas totalement vérifiées. On a parlé d’un grand nombre de concurrents, mais on voit bien que ponctuellement, les entreprises parviennent à être en situation de monopole ou parviennent à s’entendre entre elles. On a parlé d’informations parfaites mais on a vu aussi que dans certains cas, on est face à des asymétries d’informations et on a vu que les prix ne permettaient pas d’utiliser parfaitement les ressources disponibles.

5. Des institutions pour pallier les imperfections et défaillances des marchés.

Monopole, entente entre producteurs, asymétrie d’information… Ces situations sont des problèmes économiques. Pour y faire face, l’État intervient.

Les pouvoirs publics peuvent :

  • Interdire les abus de position dominante pour restaurer une concurrence déloyale.
  • Prendre des mesures pour limiter les externalités négatives. Parmi les mesures : la taxation (exemple : la « taxe carbone »)
  • Mettre en places des dispositifs pour assurer une plus grande transparence de l’information. Par exemple, l’État peut attribuer des labels ou peut obliger les producteurs à fournir des informations précises sur leur produit.

→ Le modèle de concurrence parfaite aide à comprendre certains comportements économiques : celui du producteur et celui du consommateur. Mais, on a pu voir que la réalité s’écartait de ce modèle.  

 

Réalisateur : Didier Fraisse

Producteur : France tv studio

Année de copyright : 2020

Année de production : 2020

Année de diffusion : 2020

Publié le 03/08/20

Modifié le 04/10/23

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