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Arts03:25Publié le 05/01/2018

Edgar Degas : le misanthrope de la peinture

Décod'art

Acerbe, intraitable, solitaire, craint pour ses remarques cinglantes, Edgar Degas s'est brouillé avec presque tous ceux qui l'ont croisé, jusqu'à ses amis les plus proches. Né en 1834 à Paris, Edgar Degasmeurt isolé en 1917, mais reconnu comme à la fois un grand dessinateur, un très grand peintre et un immense pastelliste.

Le peintre des danseuses

Qualifié de « peintre des danseuses », Edgar Degas a souvent représenté les petits rats de l'Opéra souvent saisis dans des poses de la vie quotidienne, mettant leurs chaussons ou participant à une répétition. Il a quelquefois peint leur triomphe, comme dans « L'Etoile » ou « La Danseuse sur scène », en 1876, un pastel dont le cadrage plongeant restitue la solitude et la grâce du succès. Derrière la danseuse en train de remercier son public, on distingue une arrière-scène presque abstraite, peuplée d'autres danseuses et d'un homme, peut-être l’amant de l’étoile, dont le costume sombre offre un contre-point statique à la blancheur dynamique du tutu de la reine du ballet.

Inspiré par le mouvement et le pastel

Très solitaire, Edgar Degas fréquente pourtant les foules, l'Opéra, les restaurants de musiciens, mais aussi les champs de course, où il observe les chevaux et le théâtre hippique en général. Entre danseuses et jockeys, c'est le mouvement qui l'intéresse. Il n'est pourtant pas un peintre « de plein air », comme Pissarro, ou adepte de la lumière naturelle comme Monet. Non. Il croit au travail d'atelier et a une prédilection pour les éclairages artificiels. Éternel insatisfait, perfectionniste à l'extrême, il multiplie les études et les travaux préparatoires, et reprend inlassablement ses toiles.

Son austérité générale est balancée par la grande douceur de son regard. Malheureusement, il perdra tout au long de sa vie la vue et privilégiera ainsi, les années passant, le pastel : une technique plus adaptée à la progression constante de sa cécité.

Aveugle, ruiné, isolé... La fin de vie difficile de Degas

Grand collectionneur, la fortune de sa famille l'ayant mis à l'abri du besoin une grande partie de sa vie, il possédait une vingtaine de tableaux d'Ingres, treize de Delacroix, un de Géricault et beaucoup d'œuvres d'artistes de son temps. Mais c'est bien l'œuvre d'Ingres qui, depuis le début, a été décisive pour Edgar Degas. Il admirera toute sa vie le peintre de Montauban.

Edgar Degas ne s’est jamais marié. Il a entretenu une relation artistique et amicale avec la peintre Mary Cassatt, mais une solide incompatibilité de caractère les opposait. Fidèle à sa manie des mots abrupts, il aurait dit en sa présence : « Je l'aurais épousée, mais je n'aurais jamais pu faire l'amour avec elle. »

Edgar Degas meurt vieux et célibataire, aigri. Il avait confié dans une lettre : « Les danseuses ont cousu mon cœur dans un sac de satin rose, du satin rose un peu fané, comme leur chaussons de danse. » Devenu pauvre après la faillite de son père et presque aveugle, à l'approche de la mort, prenant ses dispositions pour son enterrement, il déclara à l'un de ses derniers amis : « Je ne veux pas de discours. Si ! Forain, vous en ferez un, vous direz : "Il aimait le dessin." » Rares furent ceux qui suivirent son cerceuil.

Réalisateur : Valentine Dubois

Auteur : Mark Molk

Producteur : Corner Prod, France Télévisions

Année de copyright : 2017

Année de production : 2017

Publié le 05/01/18

Modifié le 09/09/24

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