« La Peau de Chagrin » de Honoré de Balzac - préparation à l'oral

Dans cette vidéo, nous analysons deux extraits de La peau de chagrin d'Honoré de Balzac, que tu peux choisir de présenter pour ton épreuve orale du bac.

1er extrait : l'élément ou l'événement perturbateur

Nous avons intitulé cet extrait « Le pacte avec le diable », car il y règne une atmosphère surnaturelle, bizarre, magique. C'est la scène où un marchand vend à Raphaël de Valentin, le personnage principal, une peau de chagrin. Cet objet va apparaître de manière spectaculaire, comme par magie. Balzac utilise un vocabulaire spécifique pour nous montrer cette apparition, avec des termes tels que tout à coup, brusquement ou encore surprise. Balzac, grand amateur de description, nous explique que la peau de chagrin fait la taille d'une peau de renard et est fixée au mur. Ici, chagrin ne signifie pas tristesse ou peine, mais décrit un type de cuir. On bascule ensuite dans le fantastique, car à la lueur d'une lampe, la peau de chagrin apparaît de manière étrange (« phénomène inexplicable »). La peau, en effet, projette des rayons lumineux qui se détachent de la profonde obscurité ambiante de la boutique. Balzac utilise le champ lexical de la lumière et va même jusqu'à comparer la peau à une comète, un astre scintillant. Cette gravure d'Adrien Moreau illustre d'ailleurs parfaitement cette scène.

On a donc une entrée dans le fantastique par l'élément ou l'événement perturbateur.

2ème extrait : le dénouement

Dans ce deuxième extrait, que nous avons intitulé « Le dernier désir », nous sommes à la fin de la nouvelle de Balzac. Si dans le premier extrait, on ignore encore les pouvoirs de la peau de chagrin, on sait désormais qu'elle permet à Raphaël d'exaucer tous ces désirs, mais en contrepartie, la peau rétrécit de plus en plus et la vie de son propriétaire devient de plus en plus faible. Raphaël est donc condamné à mourir à force de désirer des choses. Il s'agit d'une dramatisation au cœur d'un explicit aux allures de tragédie. En effet, Balzac fait une mise en scène théâtrale de cette dernière tentation qui va coûter la vie au personnage principal, comme dans les tragédies. Pour rappel, une tragédie est une pièce qui non seulement finit mal, mais où il y a une dimension de fatalité, de destin inévitable. À la lecture, on comprend que Raphaël passe ses journées entières au lit pour éviter d'être tenté. Il ne se lève le soir que pour dîner, avant d'avoir faim pour ne pas éprouver d'envie. Or, ce soir-là, son domestique Jonathas n'a pas préparé son dîner comme les autres soirs. À la différence premier extrait où Balzac utilisait le champ lexical de la lumière, ici, il utilise celui de l'obscurité qui gagne de plus en plus la vie de Raphaël (clairs-obscurs, soir, bougie,...). Lorsqu'il se réveille et que son dîner n'est pas prêt, il appelle son domestique pour lui faire un reproche (car le désir de nourriture pourrait le tuer). La réaction de Jonathas est étrange car il sourit (comme s'il était le diable prêt à faire chuter Raphaël). Il conduit son maître, à la lueur d'une bougie, vers une pièce où l'attend un spectacle. On bascule alors à nouveau dans le surnaturel et le théâtral. Comme dans le premier extrait, Raphaël est ébloui par une lumière éclatante, comme si la boucle était bouclée. Balzac utilise le symbolisme de la lumière et de l'obscurité pour véhiculer cette idée de lutte entre la vie et le désir (la lumière) et le désespoir et la mort (l'obscurité). En mêlant des éléments surnaturels au réel, Balzac interroge le lecteur sur le sens profond de la vie. Faut-il céder à tous ses désirs quitte à s'en brûler les ailes ou vaut-il mieux refréner ses envies pour vivre une vie plus paisible ?