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Actualité03:23Publié le 12/05/2021

Qu'est-ce que la loi Taubira ?

Décod'actu

Le 21 mai 2001, la France est le premier pays au monde à reconnaître l’esclavage et la traite négrière, c’est-à-dire le commerce d’êtres humains depuis l’Afrique vers les pays européens et leurs colonies comme un crime contre l’humanité, en votant la loi dite « loi Taubira »

Pourquoi cette loi ?

L’élément déclencheur est une marche organisée en mai 1998 à Paris, à l’occasion des cent cinquante ans du décret de Victor Schœlcher abolissant l’esclavage en 1848, notamment en Outre-mer.

40 000 personnes, pour la plupart d’origine ultramarine, défilent. Elles demandent que soit commémorée la mémoire des millions d’Africains déportés sur quatre siècles.

À cette époque, seules la date du décret de l’abolition en métropole et les différentes dates de son entrée en vigueur dans chaque département d’Outre-mer sont en effet commémorées. Ces dates locales sont d’ailleurs des jours fériés.

Christiane Taubira, alors députée de Guyane, se saisit de leurs revendications et propose une loi au Parlement. Elle est finalement adoptée trois ans plus tard, le 21 mai 2001. Le processus est long car dans la patrie des droits de l’homme, ce sujet est encore tabou.

Cent cinquante ans après leur abolition, la France reconnaît finalement la traite négrière et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

Que change la loi Taubira ?

Ce texte met l'accent sur le travail de mémoire. La loi instaure le 10 mai, la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Cette date s’ajoute aux commémorations spécifiques à chaque territoire d’Outre-mer, ainsi qu’à la journée du 23 mai dédiée quant à elle aux victimes de l’esclavage.

La loi exige par ailleurs que les programmes scolaires du primaire au lycée abordent cette période de l’histoire. Si les spécialistes notent des avancées, ils jugent cet enseignement encore insuffisant aujourd’hui.

Vingt ans après cette loi pionnière, ce travail de mémoire suscite encore des débats en France :

    > Certaines associations représentant les descendants d’esclaves réclament des réparations, notamment financières, à l’État ou aux descendants des marchands d’esclaves. 

    > La création de nouveaux lieux de mémoire fait aussi polémique. L’ouverture à l’automne 2021 du Mémorial des Tuileries à Paris est par exemple en suspens. Il doit rendre hommage aux 200 000 esclaves libérés en 1848. Mais des désaccords sur la façon d’inscrire leurs noms sur le monument retardent le projet. Signe que le travail de mémoire amorcé par la loi Taubira est loin d’être achevé.

 

En savoir plus sur l'histoire et la mémoire de l'esclavage.

 

Réalisateur : Maxime Chappet

Auteur : Delphine Tayac

Producteur : France Télévisions

Année de copyright : 2021

Année de production : 2020

Année de diffusion : 2021

Publié le 12/05/21

Modifié le 12/05/23

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