Saint-Pierre-et-Miquelon, façonné par la mer

L’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon représente le dernier petit vestige de la présence française en Amérique du Nord. Située dans l’Atlantique Nord, la collectivité compte deux îles principales : Saint-Pierre, la plus peuplée, et Miquelon-Langlade, la plus grande.

Un archipel qui suscite des convoitises.

Avant l’arrivée des Européens, ces îles ont été occupées par des populations amérindiennes. A partir du XVI^e siècle, des pêcheurs bretons, normands et basques, s’y installent provisoirement pour pêcher la morue ou la baleine. L’archipel n’est officiellement découvert que le 21 octobre 1520 par le navigateur portugais, João Alvares Fagundes. Et il lui donne le nom d’île des Onze Mille Vierges. Le nom de Saint-Pierre apparaît pour la première fois dans les récits de Jacques Cartier. L’explorateur français y débarque le 5 juin 1536, date qui est associée à la prise de possession par la France.

Pendant plus d’un siècle, Français et Britanniques se disputent la souveraineté de cet archipel. Il devient définitivement français en 1816.

Aujourd’hui, les 6 236 habitants descendent très majoritairement de colons normands, bretons et basques, avec une petite part d’Acadiens.

La pêche, le coeur de son économie. 

L’histoire de ces îles proches des Bancs de Terre-Neuve est liée à la mer. Et son économie également. Une seule période est venue perturber l’hégémonie de la pêche : la prohibition. De 1919 à 1933, la fabrication, la vente et l'importation d'alcool sont interdites aux Etats-Unis, puis au Canada. Française, Saint-Pierre- et-Miquelon n’est pas concernée et devient une plaque tournante en Amérique du Nord. De 1920 à 1933, la production et la vente de rhum, de whisky et de vin deviennent la principale ressource de l’économie locale.

Après cette parenthèse, la pêche reprend ses droits et connaît un essor considérable après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 50, l’activité passe à un stade industriel avec une nouvelle flotte et une usine de transformation de poisson.

Un des symboles de cette période est un drame : le naufrage du Ravenel.

Le chalutier a disparu en mer en 1962 avec à son bord 15 marins. Ce drame a fortement marqué les esprits des habitants. Et un demi-siècle après, les causes ne sont toujours pas connues. Une nouvelle campagne de recherches devait être menée en 2020 pour tenter de localiser l'épave.

La présence de ce petit bout de France au large de l’Amérique du Nord n’est pas sans créer des tensions avec le Canada. Le conflit se cristallise à partir des années 70, autour des limites de la zone économique exclusive française, et donc de sa zone de pêche.

En 1992, une décision du tribunal de New York tranche le problème. La France a le droit de pêcher, mais seulement autour de Saint-Pierre-et-Miquelon, et dans une étroite bande de mer appelée la « french baguette. »

La même année, le Canada réduit le quota de pêche à la morue car l’espèce est menacée par la surpêche. Ces deux décisions signent le coup d’arrêt de la filière.

A la recherche de nouvelles ressources économiques. 

Aujourd’hui, la population active travaille essentiellement dans l’administration publique, les services et le bâtiment. La collectivité essaie de trouver un nouveau moteur à l’économie. Le tourisme est ainsi devenu un axe de développement majeur. La présence de gisements pétroliers ouvre aussi des perspectives mais un nouveau désaccord entre le Canada et la France bloque le processus.

Et dans cette île de marins, la pêche n’a pas dit son dernier mot. De nouvelles filières sont développées avec les crustacés et des produits plus inattendus comme le concombre de mer. Le marché asiatique en est très friand !

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