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L'Arctique : enjeux politiques et défis climatiques
Tout sur ta merEn octobre 2018, un navire de la Marine nationale a navigué entre le pôle Nord et les côtes sibériennes, sans l’aide d’un brise-glace. Une première ! A cette saison, cette route maritime est d’habitude recouverte d’une épaisse couche de banquise difficilement friable pour les bateaux non équipés.
Le réchauffement climatique fait fondre la banquise
Depuis, d’autres navires ont même traversé l’Arctique en plein cœur de l’hiver ! Ces exploits sont en partie rendus possibles avec le changement climatique qui entraîne la fonte de la banquise. Celle-ci a perdu 65 % de son épaisseur entre 1994 et 2017.
La fonte des glaces met en danger la faune et la flore arctique mais elle marque aussi le début d’une nouvelle ère : celle de la ruée vers le Grand Nord. Car le dégel de la banquise facilite l’accès aux ressources naturelles et ouvre ainsi les eaux polaires aux activités humaines.
A qui appartient l’Arctique ?
Cette région du pôle Nord est composée d’un océan recouvert de glace – la banquise – bordé d’îles et de territoires rattachés à des Etats. L’Arctique n’a donc pas de frontières géographiques clairement établies. Seuls 8 pays possèdent des terres au nord du cercle Arctique : le Canada, le Danemark avec le Groenland, les Etats-Unis, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Suède ou encore la Russie qui possède 53 % des côtes de l’océan Arctique.
En 1996, ces 8 pays ont créé le Conseil de l’Arctique, un club informel incluant aussi six organisations représentant les peuples autochtones, comme les Inuits ou les Samis. Ce conseil traite des questions de science, d’environnement, de navigation, d’exploitation de la pêche et surtout des ressources énergétiques.
Pourquoi l'Arctique est-elle une région stratégique ?
L'Arctique n’est pas que le royaume des ours polaires, c’est aussi un lieu qui regorge de réserves d’hydrocarbures, de pétrole et de gaz. Ou encore d’uranium nécessaire à l’industrie nucléaire et de certains minerais qui sont indispensables à la création des smartphones par exemple. La zone arctique abriterait même jusqu’à 3 ans de consommation mondiale de pétrole et jusqu’à 7 ans de consommation mondiale de gaz. Avec la fonte de la banquise, ces trésors, bien cachés par la glace depuis des siècles, sont désormais plus accessibles.
L'Arctique attise les convoitises de certains Etats
La Chine s’est par exemple autoproclamée « territoire proche de la zone arctique » pour affirmer sa légitimité à participer à la gouvernance de l’Arctique. Plus encore, elle investit à tour de bras dans des projets polaires, comme récemment dans l’un des plus grands chantiers d’usine de gaz liquéfié au monde situé dans la péninsule de Yamal, en Sibérie.
Quant à la Russie, elle s’impose sur le terrain en renforçant sa présence militaire : elle est en train de remettre en état de marche des aérodromes qui datent de l’ère soviétique. Il est clair que l’Arctique se remilitarise. Une guerre des drapeaux se met petit à petit en place. En juillet 2017, lors d’une mission scientifique, la Russie a déposé, depuis un sous-marin, un drapeau à 4 261 M de profondeur au fond de l’océan Arctique.
Piégés au beau milieu de cette course à la conquête du Grand Nord, les peuples autochtones au mode de vie traditionnel risquent d’être chassés de leurs terres. C’est déjà le cas des Nénètses, un peuple composé de 40 000 individus. Cette ethnie habite certaines régions de Sibérie, dont les sous-sols abritent des réserves de gaz que des compagnies russes voudraient volontiers exploiter.
Les enjeux de la disparition de la banquise
La disparition progressive de la banquise met au jour de précieuses ressources. Elle permet aussi l’ouverture de trois nouvelles routes maritimes :
- le passage du Nord-Est
- le passage du Nord-Ouest
- la route transarctique, qui reste hypothétique
Le trajet d’un navire, reliant Shanghai à Rotterdam, serait de 30 à 40 % plus court via le passage du nord-est qu’en empruntant le canal de Suez. En théorie, car la navigation ne se limite pas à une carte et peut en réalité être ralentie pour diverses raisons : manque de visibilité, blocs de glace, etc...
Dans tous les cas, les routes arctiques restent pour le moment encore gelées la majorité de l’année et sont parsemées d’icebergs en été. Mais selon les modélisations des scientifiques, l’Arctique pourrait connaître des étés sans banquise, tous les trois à dix ans après 2100, si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas drastiquement. Dès lors, presque tous les navires pourraient traverser l’Arctique.
A retenir
L'accès à l’Arctique représente un enjeu géopolitique et stratégique majeur pour de nombreux États. Mais cela a un coût environnemental et financier. Cela pose aussi la question de l'avenir des terres de ses 4 millions d’habitants.
►En savoir plus sur les banquises et les calottes polaires.
►►Découvrez tous les épisodes de la série Tout sur ta mer.
Réalisateur : Noëlie Pansiot
Auteur : Paule-Emilie Ruy
Producteur : Gédéon Programmes, Nausicaa et Fondation Tara Océan
Année de copyright : 2022
Année de production : 2022
Année de diffusion : 2022
Publié le 07/11/22
Modifié le 24/01/23
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