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« Mon rêve familier » de Paul Verlaine
C'est la base : rap et poésieCe poème de Verlaine s’intitule « Mon rêve familier » et a été écrit en 1866. Il fait partie du recueil Poèmes Saturniens. Il appartient au symbolisme, un courant qui concerne essentiellement la poésie. Emportée par la plume de Verlaine, Athéna Sol te donne un nouvel éclairage sur ce grand classique littéraire du XIXe siècle.
« Mon rêve familier » de Paul Verlaine
Ce sonnet de Paul Verlaine (1844-1896) est librement interprété par le rappeur Zoxea.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Analyse du poème : une ambiance mystérieuse et étrange
Le sujet du poème est un rêve fait de façon récurrente. Dès les premiers vers, Verlaine nappe le poème d’une ambiance mystérieuse et étrange par l'emploi du champ lexical de l’étrangeté : « étrange, inconnue, ignore, lointaine », mais pas seulement...
► Focus sur la figure de la femme du poème
L'aspect impénétrable et irrémédiablement inaccessible de la femme. Emploi de la troisième personne du singulier du début à la fin du poème. Le poète reconnaît son ignorance et son incapacité à saisir tous les mystères qui entourent cette femme et ce rêve. Il est dans la posture de l’homme qui cherche à déchiffrer le monde idéal et invisible. La femme, incarne ce monde idéal et invisible. Elle comprend tout, elle saisit tout, comme l’indiquent les vers 5 et 6 : « car elle me comprend, et mon cœur transparent pour elle seule, hélas, cesse d’être un problème. »
Pouvoirs et supériorité de cette femme : répétition de « elle seule », trois fois d'affilée, qui insiste sur le caractère unique de cette femme. Elle détient un pouvoir particulier que les autres n’ont pas. Il n’a aucun secret pour elle. Alors qu’elle est une énigme pour lui. Elle est donc dans une position hiérarchiquement supérieure. Est-elle même humaine ? Il semble que non. Elle n’a pas de visage, ni d’apparence physique (vers neuf : interrogative directe « est-elle brune, blonde ou rousse ? »). Elle n’a pas de nom, donc pas d’identité : qui est cette femme ? Nous n’en savons rien.
Une association de sens, un ensemble de correspondances entre le toucher « moiteur », «rafraîchir », l'ouïe, « doux et sonore », « sa voix lointaine est calme et grave », et la vue « son regard est pareil au regard des statues. ». Les sonorités même du poème sollicitent notre propre ouïe : c’est le cas au vers 1 avec l’assonance en [ã], puis dans les vers qui suivent avec l’allitération en [m] qui semble mimer le bruit des baisers ou des étreintes. Ces correspondances entre les sens la dotent d’une certaine dualité : elle semble à la fois inquiétante et consolatrice.
Froideur de la madone : le regard de statue, la voix lointaine et grave, la rendent froide et inaccessible. Mais quand Verlaine la décrit de façon maternelle comme une femme qui le réconforte et qui comprend ses états d’âme, elle devient une sorte de madone, une sainte qui aurait dans ses bras l'enfant Jésus, comme dans les pietà, les tableaux religieux qui représentent la Vierge et l'Enfant 👩👦.
Une femme mystique : elle détrône le « je » lyrique qui s’imposait pourtant dans les deux premiers vers : « Je fais », « j’aime ». Le rythme ternaire du vers 1 montre l’obsession du poète qui semble obnubilé par ce rêve récurrent, ce qui annonce d’emblée que la femme va finir par dominer tout le reste du poème. Dès le vers 3, elle devient le sujet de la relative « et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même », puis le pronom « elle » contamine ensuite l’entièreté du poème dans les strophes 2,3 et 4 alors que le « je » tend à s’effacer.
Un poème comme une leçon d’humilité ? Dans ce poème, Verlaine invite-t-il à s’interroger, à reconnaître le caractère énigmatique et indéchiffrable du monde ? A questionner le monde ? A ne jamais cesser de l’interroger, dans une démarche poétique, pour en découvrir tous les secrets ? On dirait bien.
Ce qu’il faut retenir de ce poème
- Les poètes symbolistes se concentrent plus sur la forme que sur le fond, c’est-à-dire qu’ils recherchent une grande musicalité, des jeux sur les sonorités et le rythme.
Dans ce poème : la figure de la femme symbolise le monde idéal et invisible, elle est dotée de pouvoirs, et d’une froideur qui évoque la madone, ce qui renforce sa dimension quasi-mystique et sa supériorité vis-à-vis du poète. Les correspondances entre les sens la rendent à la fois inquiétante et consolatrice.
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Réalisateur : Xavier Reim
Auteur : Clémence Losfeld, Athéna Sol
Producteur : Milgram
Année de copyright : 2023
Année de production : 2023
Année de diffusion : 2023
Publié le 20/11/23
Modifié le 26/03/24
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