Le Portugal de Salazar

Le 5 juillet 1932, António de Oliveira Salazar prend la tête du gouvernement portugais. Il dirigera le pays d’une main de fer pendant près de quarante ans : la plus longue dictature qu’ait connue l'Europe occidentale.

L'arrivée au pouvoir de Salazar

Le 28 mai 1926, la première République du Portugal est renversée par un coup d’État. Des militaires s'emparent du pouvoir et instaurent une dictature. Mais la situation du pays ne cesse de se dégrader. En particulier sur le plan économique. Le 28 avril 1928, António de Oliveira Salazar, influent professeur d'économie, est nommé ministre des finances pour redresser la situation. En quelques mois, l'universitaire parvient à rétablir l'équilibre des dépenses publiques. Ce tour de force propulse sa carrière politique et le hisse bientôt au sommet de l’État. En 1932, Salazar est nommé Président du Conseil des ministres. Le 19 mars 1933, après référendum, il instaure une nouvelle Constitution :  c’est le début de « l'Estado novo » ou « l’État nouveau ».

Qu'est-ce que l'État nouveau de Salazar ?

Profondément conservateur, anticommuniste et nationaliste, le nouveau régime portugais prône le respect des traditions, la foi catholique, la ruralité et les vertus du travail. À travers la propagande, Salazar façonne l’image d’un homme austère, solitaire et discret, appelé malgré lui au chevet d’un pays en dégénérescence. En apparence, la démocratie est sauvegardée et des élections demeurent. Mais ce n’est qu’une façade : le régime de Salazar est une dictature. La presse est censurée, l’opposition muselée, les grèves sont interdites, et la PIDE (la police politique) surveille la population et fait régner la peur. La délation est encouragée. Les opposants au régime risquent l’emprisonnement, la torture ou la mort. Mais s’il est autoritaire, le régime ne bascule jamais dans le totalitarisme, et rejette toute idéologie.

En 1939, lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Salazar, proche de l’Espagne de Franco, se tient à l’écart du fascisme de Mussolini et du nazisme d’Hitler. Le Portugal reste neutre et le régime perdure après la guerre.

Colonialiste, le régime de Salazar est présent dans plusieurs pays d’Afrique (Angola, Mozambique, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe). Au début des années 1960, des mouvements d’indépendance éclatent et sont durement réprimés par l’armée. Le Portugal s’enlise dans de sanglantes guerres coloniales. En 1968, António Salazar est victime d'un accident vasculaire cérébral. Gravement diminué, il est écarté de la vie politique et remplacé par Marcelo Caetano, figure importante du régime, qui poursuit la politique autoritaire de son prédécesseur. En 1973, une grave crise économique s’ajoute à la crise coloniale et le Portugal devient le pays le plus pauvre d’Europe.

Excédés par la situation et cette dictature qui n’en finit pas, des militaires décident de renverser le pouvoir.

La révolution des œillets et fin de la dictature au Portugal

Au petit matin du 25 avril 1974, la chanson contestataire Grandola, Vila Morena résonne sur les ondes radio du Portugal. C'est le signal ! Un groupe de jeunes militaires s'empare des points stratégiques du Portugal : les aéroports, les banques, les bases militaires, les principales stations de radio et les ministères tombent un à un aux mains des insurgés du MFA. Le Mouvement des forces armées espère renverser le régime et rétablir la démocratie. Malgré les appels au calme, le peuple se soulève à son tour.
À Lisbonne, une foule en liesse se presse dans les rues pour se joindre aux soldats rebelles. En signe de paix, des œillets fleurissent sur les canons des fusils et les boutonnières des insurgés. La petite fleur rouge devient un symbole : c’est la révolution des œillets. En moins de 24 heures, et sans un seul coup de feu, les dissidents font abdiquer Caetano et mettent un terme au régime autoritaire en place depuis 48 ans.
Le 25 avril 1976, deux ans jour pour jour après la révolution des œillets, des élections législatives sont organisées. Le Portugal célèbre le retour de la démocratie. 

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