Louise Michel, une femme dans la Commune de Paris (1871)

Victor Hugo a qualifié Louise Michel de femme « plus grande qu’un homme » 💪 ! Comment cette célèbre figure féminine du XIX^e siècle a-t-elle épaté l'un des plus illustres écrivains français de son époque ? Thibault Hycarius te retrace le parcours de cette militante féministe et révolutionnaire, héroïne de la Commune de Paris.

Louise Michel, institutrice et féministe engagée contre les inégalités

Née en 1830, Louise manifeste dès son enfance un goût pour la littérature, notamment les œuvres des philosophes des Lumières comme Voltaire ou Jean-Jacques Rousseau. Sous le second Empire (1852-1870), elle devient institutrice, mais refuse de prêter serment à Napoléon III, comme doivent le faire à l’époque les enseignants. À la place, Louise Michel décide de fonder des écoles libres, c'est-à-dire gratuites et mixtes, dans lesquelles elle exerce. À 26 ans, elle s’installe à Paris et continue à enseigner, notamment aux plus pauvres. Louise Michel est une partisane convaincue des idées d’Auguste Blanqui, un révolutionnaire socialiste très sensible aux inégalités sociales générées par l’industrialisation et le capitalisme. Pour Blanqui, la solution à ces inégalités est l’insurrection, autrement dit une révolte violente qui, par la force et non par les élections, guidera le peuple vers une société plus juste.
Dans les années 1850-1860, l’heure n’est pas encore à l’action. Louise Michel écrit des poèmes sous le pseudonyme d’Enjolras. À l’origine c’est le nom d’un personnage dans Les Misérables de Victor Hugo. Fervente admiratrice de l'auteur, elle entretient une correspondance avec lui. Elle collabore aussi à des journaux d’opposition et affirme ses convictions féministes.

Les femmes [...] sont le bétail humain qu’on écrase et qu’on vend. [...] Notre place dans l’humanité ne doit pas être mendiée, mais prise.

Louise Michel

Proclamation de la Troisième République et création de l'Empire allemand

Au début des années 1870, les choses s’accélèrent. 

• L’empereur Napoléon III s’est laissé entraîner dans une guerre désastreuse contre la Prusse et, le 2 septembre 1870, il est fait prisonnier, à l’issue de la bataille de Sedan. C’est l’occasion que tous les républicains et les révolutionnaires attendent depuis des années.
• Deux jours plus tard, le 4 septembre 1870, la république est proclamée par un groupe de députés, qui constituent un gouvernement provisoire. Mais en parallèle, Guillaume I^er vient, lui, proclamer l’Empire allemand à Versailles. Résultat : les troupes prussiennes assiègent Paris, et après avoir tenté de résister à l’envahisseur, le gouvernement fraîchement formé n’a d’autre choix que de capituler.
• L’armistice est signé le 28 janvier 1871, une décision que contestent beaucoup de Français qui refusent d’admettre la défaite.
• Début février 1871, des élections ont lieu. À la grande déception des républicains, une majorité de députés monarchistes se retrouve à l’Assemblée nationale avec, à leur tête, Adolphe Thiers. Le 18 mars 1871, quand le gouvernement tente de s’emparer des canons parisiens pour éviter les émeutes, c’est tout le contraire qui se produit. Une insurrection menée par les révolutionnaires se met en place : c’est la Commune de Paris (mars à mai 1871).

Louise Michel, figure de la Commune de Paris

Par son combat, Louise Michel devient l'une des figures de cette insurrection qui va durer 72 jours. Elle va jusqu’à envisager de porter l’attaque sur Versailles, où se trouve le gouvernement de Thiers. Sa détermination est si forte qu’elle propose d’assassiner elle-même le chef de l’État. Cette idée est finalement rejetée. Jusqu’à la Semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871, Louise Michel participe aux combats sur les barricades et dans les rues. Le 24 mai, elle se rend aux autorités pour faire libérer sa mère qui a été arrêtée à sa place. Emprisonnée, elle assiste aux exécutions de ses amis, et lorsqu’elle est interrogée, au lieu de minimiser son rôle dans les émeutes, elle revendique ses actions et va jusqu’à réclamer qu’on l’exécute elle aussi. Son courage fait la une des journaux, et Victor Hugo lui dédie un poème intitulé Viro Major, « plus grande qu’un homme », en latin.

Déportation en Nouvelle-Calédonie et idées anarchistes

Louise Michel est condamnée à la déportation à vie, d’abord en Haute-Marne jusqu’à l’été 1873, puis en Nouvelle-Calédonie, près de l'Australie. En 1880, sa peine est révisée, et elle revient en France sous les acclamations de plusieurs milliers de personnes. On pourrait imaginer que son exil forcé l’a un peu assagie. Pas du tout !

À son retour, Louise Michel est très proche désormais des idées anarchistes, elle reprend son activité militante et contribue, notamment, au choix du drapeau noir, symbole de ce mouvement. Elle poursuit sa lutte idéologique, donnant des conférences, participant à des manifestations, quitte à retourner en prison à plusieurs reprises, ou même à se voir tirer dessus. C’est par respect pour cette volonté inflexible et pour cet engagement sans faille qu’à sa mort, en 1905, des milliers de personnes assistent à ses funérailles.
► De nos jours, près de 200 établissements scolaires portent le nom de cette femme exceptionnelle qui a toute sa vie combattu les inégalités.

👉 Découvre toutes les vidéos de la série Histoire de réviser avec Thibault Hycarius.