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Histoire02:35Publié le 13/07/2022

audio - Lettre de Renée Haguenauer au maréchal Pétain

Les Suppliques

Après la déportation de son mari dentiste, Renée Haguenauer écrit en 1942 une supplique adressée au maréchal Pétain pour libérer ses deux enfants, suant de formules d'admiration.

Supplique de Renée Haguenauer

« Chaumont, le 22 août 1942.

Monsieur le Maréchal,

Si je me permets de m’adresser à vous, Monsieur le Maréchal, c’est que je me trouve seule dans une telle détresse morale que l’idée de m’adresser à votre perpétuelle bonté m’est venue, afin d’obtenir un adoucissement à mes malheurs.

Je suis juive : mon mari dentiste à Chaumont, après avoir séjourné dans le camp de concentration de Poitiers, vient d’être déporté en Allemagne. J’avais 4 enfants : mon fils âgé de 18 ans s’est suicidé, par suite qu’il était malade mentalement. Une de mes filles est internée à St-Dizier dans un asile d’aliénés, les deux seules enfants qui me restent (2 filles) sont pour l’instant à Dijon dans un camp de représailles. Elles ont été soupçonnées d’avoir voulu passer la zone frontière, alors qu’en réalité, la plus jeune de 16 ans, s’était déplacée en vue de subir l’examen oral du baccalauréat, dont elle avait déjà passé l’écrit avec succès le 17 juin 42 ; sa sœur aînée l’avait accompagnée. À la suite d’un jugement, elles avaient été condamnées à 1 et 2 mois de prison. Cette période écoulée, je viens d’être avisée qu’elles doivent êtres transférées dans un camp d’internement et de là, sans doute déportées en Allemagne. 

Je viens donc à vous, Monsieur le Maréchal, je vous supplie de m’aider dans ce douloureux calvaire. Je vous prie de m’excuser de la liberté que je prends en m’adressant à vous et je joins la copie de la lettre que vous m’aviez envoyée en 1919. J’étais fière de la posséder et j’ose espérer que vous voudrez bien user de votre influence pour me sauver, pour libérer les 2 seules enfants qui me restent ou du moins d’éviter leur déportation commune en Allemagne. L’aînée est, elle aussi, fragile mentalement et était hospitalisée tout l’hiver dans l’hôpital psychiatrique Henri Rousselle à Paris. La déportation, son exil la rendrait malade tout-à-fait comme ses frère et sœur. 

Je suis votre toute dévouée

Madame Renée Haguenauer

25, rue Jolibois

Chaumont».

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Producteur : La Générale de Production

Année de copyright : 2022

Année de production : 2022

Publié le 13/07/22

Modifié le 13/07/22

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