1815 : le congrès de Vienne redessine l'Europe

En 1815, les États européens négocient à Vienne un redécoupage des frontières du continent. Pourquoi ? Quels pays en sortent gagnants ? Thibault Hycarius t'explique le contexte historique de ce grand congrès européen qui a marqué le XIX^e siècle 👇.

La Restauration (1815-1830) : fin de l'empire et retour de la monarchie

En 1814, Napoléon est vaincu, l’Empire français s’effondre. L’héritier légitime de la dynastie Bourbon, Louis XVIII (frère de Louis XVI) monte sur le trône. C’est le début de ce qu’on appelle la Restauration. Un retour à une monarchie, mais qui ne balaie pas, pour autant, les revendications politiques et sociales nées à la fin de l'Ancien Régime. Le roi doit concéder un texte, la Charte constitutionnelle, ainsi qu’un système de suffrage - le suffrage censitaire - réservé aux couches sociales les plus fortunées. L’ambition affichée de la Restauration : trouver un nouvel équilibre entre le retour à l’ordre et l’intégration des idées nouvelles.

Qu'est-ce que le congrès de Vienne ?

Sur la carte, les frontières du territoire français redeviennent plus ou moins celles de 1789. Les morceaux acquis lors des conquêtes napoléoniennes - et qui n’appartiennent désormais plus à la France - sont réattribués. À qui ? C'est le congrès de Vienne qui va en décider ! Il se tient du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815 à l'initiative du prince de Metternich, ministre des Affaires étrangères de l’Empire d’Autriche, qui reçoit 216 délégations européennes et 500 diplomates dans la ville de Vienne. Autour de la table des discussions, on trouve, notamment, lesgrands pays qui ont participé à la défaite de la France : le Royaume-Uni, l’Empire russe, le Royaume de Prusse et l’Empire d’Autriche avec le prince de Metternich qui supervise et oriente les débats.

Congrès de Vienne et conséquences pour la France

Au congrès de Vienne, le prince de Metternich affiche clairement son objectif : effacer les aspirations libérales que la Révolution française a fait naître et que l’Empire napoléonien a contribué à diffuser. Il tient notamment à réaffirmer la supériorité du principe monarchique. Selon lui, la paix en Europe ne peut se faire qu’à travers l’équilibre des puissances et la bonne entente entre les souverains. La place de Louis XVIII sur le trône est donc confirmée et la France a même droit à sa propre délégation, menée par Talleyrand, ministre des Affaires étrangères et diplomate expérimenté. Ce dernier va jouer un rôle très important dans les négociations. Par exemple, lors du retour de Napoléon I^er, avant la défaite à Waterloo en 1815… Certains acteurs européens voudraient profiter de cet épisode pour durcir les conditions imposées à la France. Mais Talleyrand et Metternich s'accordent sur le fait que trop humilier le pays pourrait mener à une nouvelle révolution et au renversement des Bourbons, ce qu’aucun des souverains présents à Vienne ne souhaite. Les talents de diplomate de Talleyrand permettent ainsi de préserver au maximum les frontières de la France et de conserver l’influence du pays sur la scène européenne.

Redéfinition des frontières de l'Europe

Concernant les frontières du reste de l’Europe, le congrès de Vienne acte des changements pour les grandes puissances victorieuses :

• La Prusse s’agrandit, mais pas autant qu’elle l’aurait souhaité.
• L’Autriche récupère des territoires italiens.
• La Russie prend le contrôle d’une grande partie de la Pologne.
• Le Royaume-Uni, qui ne réclame aucun territoire sur le continent, se voit attribuer des îles et des colonies. 

Pour résumer, les grands vainqueurs arrondissent leurs territoires tout en réaffirmant la supériorité du gouvernement monarchique. Ils rejettent aussi le principe des nationalités, c’est-à-dire l’idée qu’un individu n’est pas seulement le sujet d’un roi mais aussi le membre d’une communauté appelée nation. Et suite au congrès de Vienne, l’Empire russe, le royaume de Prusse et l’Empire autrichien font même un pacte : la Sainte-Alliance, par laquelle ils s’engagent, si jamais un souverain se retrouvait en difficulté suite à une révolution, ou parce que certains de ses peuples réclament leur indépendance, à lui venir en aide en envoyant des forces armées.

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