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audio - Lettre d'Edith Schleifer à Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives
Les Suppliques
Née en 1901 en Bourgogne, Edith Schleifer tient un commerce de fruits et légumes dans le 18e arrondissement de Paris. De religion catholique, mais mariée à un juif, elle est contrainte de fermer boutique. En 1941, elle écrit à Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives, pour reprendre le commerce à son nom.
Supplique d'Edith Schleifer et réponse du CGQJ
« Paris, 21 juillet 1941,
Ci-joint un timbre pour la réponse.
Monsieur,
Est-il possible, ainsi que me l’a fait savoir mon commissaire-gérant, Mr Pierre, 28 square Clignancourt, qu’il n’existe pas d’exception pour une Française-catholique mariée à un juif, et dont l’enfant a été faite catholique : je suis punie d’avoir épousé un juif en somme.
Comment pouvais-je savoir en 1925 que c’était un mal ?
Maintenant que j’ai perdu ma santé et que j’ai une grande fille à élever, ce serait une injustice trop flagrante d’atteindre une aryenne dans son soutien qui est son mari.
J’ai demandé cette grâce qu’on me permette de prendre mon commerce à mon nom. Mon mari étant évincé, j’aurais déjà bien du mal à tenir, mais je ne serais pas lésée, et je ne perdrais pas un commerce si péniblement établi après bien des déboires. Je me trouverais en partie bénéficiaire de votre loi protégeant les aryens, puisque je suis aryenne pure de toujours.
J’attendrai votre réponse, monsieur, en vous priant de ne pas m’en vouloir si j’ai épousé un juif, il y a 15 ans, un juif qui en tant qu’ancien ouvrier d’usine et travailleur laborieux, se vante de faire exception.
Avec mes salutations distinguées.
Edith Schleifer Dumas
Angle : 17 rue Bridaine / 45 rue des Batignolles
(Légumes – fruits)
Paris 18e
P.S : Je rappelle que je suis issue d’une famille de la Nièvre purement aryenne, et que les capitaux nécessaires à l’établissement de notre boutique de légumes avaient été fournis par mon père. J’aurais été dans mon droit de faire valoir dès le début cette question importante - qui contribuera, monsieur, j’ose l’espérer, à plaider en ma faveur, une mesure de clémence.
Notre commerce est une petite affaire où nous parvenons à gagner notre vie avec notre travail à nous deux mon mari. »
Réponse du Commissariat général aux questions juives (CGQJ) à Edith Schleifer
« 29 juillet 1941,
Madame,
En réponse à votre lettre du 21 juillet, j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’il n’existe en effet pas d’exception à l’interdiction qui empêche les juifs d’exercer une profession commerciale par application des ordonnances allemandes.
Si un commissaire-gérant a été nommé pour votre commerce de légumes, vous ne pouvez que vous conformer aux instructions qu’il vous donnera puisqu’il agit sous le contrôle du Commissariat général aux questions juives.
Cependant, si vous êtes en mesure d’établir que les capitaux nécessaires à l’établissement de votre commerce ont été fournis par votre père aryen, il y aura lieu lors de la liquidation de faire valoir ses droits à la restitution de tous ses capitaux.
Veuillez agréer, Madame, l’assurance de mes sentiments respectueux.
Pr. le Commissaire général aux questions juives. »
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Producteur : La Générale de Production
Année de copyright : 2022
Année de production : 2022
Publié le 13/07/22
Modifié le 13/07/22
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