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L’impact de notre hygiène sur le microbiote
Corpus, paroles d'expertsL’hygiène moderne a un impact majeur sur le microbiote humain. Ce dernier s’est appauvri et individualisé avec l’augmentation des mesures d’hygiène. Comment ? Explications avec Marc-André Selosse, microbiologiste, professeur au Muséum national d'histoire naturelle et professeur invité aux universités de Gdansk et Viçosa.
Effets négatifs de l’hygiène « moderne » sur le microbiote
Le microbiote (microbes, bactéries et levures) constitue un ensemble d'agents importants de notre bonne santé (la lutte contre les maladies infectieuses). Mais force est de constater qu'une hygiène excessive affecte ce microbiote en perturbant sa colonisation et sa persistance.
► Exemples : des lavages trop fréquents de la peau avec des savons bactéricides, l'ingestion d'aliments trop désinfectés, l'absorption excessive d'antibiotiques. Ces agressions répétées de notre microbiote peuvent, lorsqu’elles sont appliquées et répétées dès les premiers stades de notre vie, perturber le bon développement de l’organisme (maturation du système immunitaire ou du système nerveux).
Différence de microbiote chez les Indiens d'Amazonie
Une étude des microbes présents sur la peau et dans le tube digestif des Yanomami, des Indiens d'Amazonie qui n'ont jamais eu de contacts avec le monde occidental et globalisé, montre le contraste de microbiote entre un Occidental et une personne qui vit dans un état pré-hygiéniste. La microflore des Indiens est beaucoup plus diversifiée, les individus de la tribu partagent de nombreuses bactéries. En comparaison, les Occidentaux ont un microbiote moins diversifié et propre à chaque individu, ce qui signifie que nous échangeons moins. Entre nous, on instaure des « océans » de propreté qui séparent nos organismes et empêchent les microbes de les coloniser.
Préserver son microbiote avec la « saleté propre »
Pour Marc André Selosse, un des objectifs préventifs serait que chacun puisse vivre avec la « saleté propre » : un degré de contamination acceptable, bénin, nous permettant de vivre au quotidien, sans agresser le microbiote tout en laissant la capacité à notre organisme de lutter efficacement contre les maladies infectieuses. Nos pratiques culturelles (par exemple les fermentations alimentaires) devraient donc s’attacher à mieux gérer ce microbiote dans nos gestes ordinaires, à tempérer les effets excessifs de pratiques hygiénistes trop agressives. Trois perspectives majeures peuvent ainsi être retenues pour entretenir notre « bien être microbiotique » :
- l’inoculation de microbes favorables (manger du yaourt)
- l’absorption de substances favorisant l’activité du microbiote (les fibres, par exemple)
- l’éviction des agents sanitaires trop agressifs pour ce microbiote
Réalisateur : Luc Taramini
Producteur : Réseau Canopé / Universcience
Année de copyright : 2017
Année de production : 2017
Publié le 26/08/21
Modifié le 24/02/22