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L'homme et l'animal : une lecture de Voltaire
Les cours Lumni - LycéeAfin de découvrir la spécialité des Humanités, la professeure Alexandra propose un cours sur les relations qu'entretiennent l'être humain et l'animal.
Cette spécialité met en relation deux matières distinctes et complémentaires : la littérature et la philosophie. Elle permet d'aborder des questions humaines que l'on a soulevées dès l'Antiquité et qui nous intéressent encore aujourd'hui, comme l'altérité ou la question de l'animal.
Choisir les Humanités c’est une façon de voyager, de rencontrer des auteurs essentiels, de lire des textes magnifiques, de découvrir des œuvres diverses qui vont de la littérature à la philosophie en passant par l’opéra, le cinéma, la bande dessinée et qui vont nourrir les cours d’Humanité en littérature ou en philosophie.
Retrouvez le texte étudié et son analyse en PDF.
Quelles sont les relations de l’être humain avec l’animal ?
Ils ont toujours entretenu des liens qui ont évolué au fil du temps et qui varient selon les cultures, se resserrant ou se distendant en fonction des besoins humains. Aujourd’hui nous nous interrogeons de plus en plus sur nos rapports aux autres animaux, sur la souffrance animale et sur le rôle que joue l'être humain face à cette souffrance. S’interroger sur ce lien qui nous unit à l’animal c’est aussi nous interroger sur nous-même et sur nos manières de vivre et élargir aussi peut-être notre compassion.
Comment nommons-nous l’animal ?
Le mot animal vient du latin animal-animalis c’est-à-dire être vivant doté du souffle vital ou anima, ce mot a aussi donné le mot âme. C’est paradoxal car on a souvent considéré que les animaux n’avaient pas d’âme ce qui le distinguait de l’homme.
La langue familière emploie plutôt le terme bestia qui a donné le mot « bête » par opposition à « l’homme » mettant ainsi l’accent sur la grandeur, la férocité, ou l’inintelligence. Et le mot « bête » devient très rapidement une injure. Il reste aussi un intéressant c’est le mot « domestique ». Ce mot est dérivé du latin domus qui signifie la maison. Il caractérise d’abord les serviteurs de la maison avant de définir aussi les animaux opposés aux animaux sauvages et il montre le lien qui se resserre entre l’homme et l’animal et nous voyons que proximité entre homme et animal et domination sont mêlés.
Comment l’animal est-il représenté ?
1. L'observation
Il a toujours été une source d’observation pour l’être humain et il figure dans de nombreuses représentations et œuvres d’art et ce dès les premiers âges de l’humanité.
Avec Le Panneau à la licorne dans la grotte de Lascaux, les hommes préhistoriques ont fait les premières représentations de l’animal et on voit déjà le rapport complexe que l’homme entretient avec l’animal. Les hommes préhistoriques ont représenté leurs gibiers et ils ont aussi représenté une certaine fascination pour ce gibier avec la multiplicité des représentations des animaux. C’est la naissance de l’art et c’est aussi l’éveil de la sensibilité artistique.
Autre représentation de l’animal avec le travail d’Anna Merian, naturaliste, qui a vécu en Allemagne, à la fin du XVIIe siècle. Elle a observé la chenille du murier. Elle a été la première à découvrir la métamorphose de la chrysalide en papillon. Alors que les scientifiques de l’époque pensaient qu’ils s’agissaient de deux espèces différentes. On pensait que les papillons naissaient par le principe de la génération spontanée. Or en observant l’animal Maria Merian le dessine et montre son évolution, de la larve en passant par la chrysalide jusqu’au papillon. Elle arrive à mieux faire comprendre le monde par cette observation. Et à se rendre compte que ce qu’on pensait être deux espèces différentes n’en est qu’une.
2. Emerveillement
L’animal a toujours fasciné l’être humain et même une certaine vénération. Et ça on le trouve dès l’Antiquité chez les Egyptiens. La représentation du dieu Amon-Rê ou Amon Soleil qui est un homme avec une tête de bélier. Le bélier était un animal sacré des habitants de Thèbes et Amon était la divinité de Thèbes à cette époque-là. On connait aussi la fascination des égyptiens pour le chat qu’ils ont domestiqué et déifié.
3. Peur et répulsion
Sur des affiches de cirque ou de théâtre ces représentations d’animaux ont pour vocation à attiser la curiosité, l’envie du public et aussi à se faire peur.
4. Animal miroir, anthropomorphisme
D’autres représentations mêlent l’animal et l’humain d’abord par un procédé d’anthropomorphisme, cela fonctionne lorsqu’on donne des traits humains à l’animal. Ce que fait La Fontaine avec les animaux dans ses fables qui permettent de dénoncer les travers des êtres humains. Le loup devient berger avec des vêtements humains.
5. Animal miroir et zoomorphisme
Une autre représentation entre l’humain et l’animal se fait par zoomorphisme. L'écrivain Emile Zola a été victime de caricatures antisémites et nationalistes quand il a défendu Alfred Dreyfus publiées à l’occasion de cette affaire. Zola est alors représenté sous la forme d’un cochon. Et dans l’imagerie populaire, le cochon porte des valeurs négatives comme la saleté ou la gloutonnerie.
6. L' exploitation animale
A partir de toutes ces représentations nous pouvons créer une carte mentale qui va nous permettre d’étudier les relations qui unissent les êtres humains et les animaux.
Ceci nous amène à revoir le terme d’altérité : est-ce que l’animal et l’être humain qui sont des animaux habitants sur une même terre ont-ils une telle altérité ? L’animal peut être un partenaire de l’être humain.
A partir de là, ça invite l’être humain à revoir sa situation comme l’antispécisme c’est-à-dire cette façon de représenter le monde qui n’est pas hiérarchique avec l’être humain tout en haut et les animaux en dessous et les plantes et végétaux encore au-dessous mais en fait tout un ensemble qui fonctionne en symbiose.
Donc quand l’être humain voit l’animal que voit-il ?
Dans l'article « Bêtes »du Dictionnaire philosophique, un ouvrage philosophique majeur du XVIIIe siècle, Voltaire se penche sur la question animal. Pour lui, les animaux sont comme les humains : ils sont perfectibles et sont dotés de sensibilté.
Quand Voltaire voit le chien, il voit le compagnon de l’homme capable comme lui de perfection et de sensibilité. Mais il voit aussi l’homme avec ses imperfections et ses cruautés. Le choix du mot « bête » n’est pas ironique. Ici Voltaire montre que nous avons tant de choses à partager avec les animaux. A moins que le mot « bête » désigne plutôt les êtres humains qui refusent de considérer les animaux, ici, comme des êtres sensibles.
Conseils de lecture
La Panthère des neiges de Sylvain Tesson
Les Fables de La Fontaire
La Ferme des animaux de George Orwell
Le Dictionnaire philosophique de Voltaire
Réalisateur : Didier Fraisse
Producteur : france tv studio
Année de copyright : 2020
Année de production : 2020
Année de diffusion : 2020
Publié le 20/04/20
Modifié le 04/07/23
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